Gabriel d’Harcourt, le patron de La Voix du Nord, s'emploie à accélérer la mutation numérique de son média qu'il souhaite citoyen et utile ainsi qu'ancré dans la vie quotidienne et économique du Nord. Portrait d’un homme épris d’équipe et de dialogue.
La solitude n’est pas de son monde. Gabriel d’Harcourt, le directeur général délégué de La Voix du Nord depuis un septennat, s’épanouit dans le collectif et le pluralisme, encore et avant tout. « J’aime la diversité d’opinion, échanger et entendre des avis contraires au mien. Je suis capable d’écoute et c’est peut-être pour cela que je ne me connais pas d’ennemi. Les gens sont sensibles à l’attention qu’on leur porte », lâche-t-il devant un diabolo menthe, dans un café parisien.
Dans un milieu médiatique volontiers persifleur, il est effectivement un homme très apprécié. Impliqué et énergique, il s’emploie à accélérer la mutation digitale de son média, proposant désormais vidéos et podcasts. Il porte haut les couleurs de la Voix du Nord, l’un des premiers titres de presse à avoir arboré celles du drapeau ukrainien. Comme il s’est démené pendant le premier confinement pour être utile à ses lecteurs. Un journal citoyen, serviciel et engagé dans les sujets majeurs de société : l’emploi, le harcèlement scolaire, la formation des jeunes ou le don du sang. « Je nous vois comme un média acteur face à l’actualité et non spectateur » souligne Gabriel d’Harcourt. « C’est un homme ultra sain et rigoureux. Un patron moderne, qui parvient à être indépendant des pouvoirs locaux » reconnaît Louis Dreyfus, le président du directoire du Monde. « Vous avez parlé à un de mes copains », minimise-t-il, ne sachant pas de qui venait la citation. Même pas.
Gardien de but
Collectif, Gabriel d’Harcourt l’est dans tous les domaines de sa vie. Gardien de but depuis l’adolescence, il a dû renoncer à ce poste à la suite d'un tendon d’Achille cassé il y a deux ans. Mais la passion demeure pour le sport en général, tendance amateur. Pour le plaisir d’être ensemble plus que pour la compétition. « Vous allez me prendre pour un cinglé mais si je vois en me promenant n’importe quel match, je peux m’arrêter et le regarder jusqu’au bout. J’aime l’odeur de l’herbe, le bruit du ballon, les gens qui s‘engueulent, l’œuvre collective et l’effort ». On n’est pas surpris lorsqu’il raconte son plaisir de chanter dans une chorale du U2 comme du Dalida. Avec spectacles de fin d’année à Roubaix.
Il se vide aussi la tête en grattant sur sa guitare. Mais lorsqu’il pense à une image de bonheur, il se voit au bord de l’étang de sa ferme, à Sancerre, dans le Berry. Au cœur de la France rurale. « C’est l’endroit où je me sens le mieux ». Un verre de Sancerre à la main et ses enfants non loin. Il en a cinq. Pas un qui ne souhaite être journaliste ou travailler dans les médias. Comme pas un des quatre fils de ses parents n’a voulu rejoindre l’armée, dans les rangs de laquelle son père a fait sa carrière. Il admirait la rectitude morale, le sens du devoir et le travail bien fait de ce général issu de l’armée de terre. Ce sont la générosité, l’empathie et la faculté d’être tourné vers les autres de sa mère, pianiste, qui l’émerveillait. Elle a lâché sa carrière pour suivre son mari, déménageant tous les deux ans avec sa petite troupe. Mais il se garde bien de prétendre avoir hérité d‘eux ces qualités même si elles l’habitent, incontestablement.
Chasseurs alpins
C’est dans L’Est Républicain qu’il apprend à lire alors que sa famille est installée à Nancy. Il dévore les exploits de l’équipe de foot et d’un tout jeune Platini, très prometteur. Puis il rejoint le prestigieux lycée du Prytanée national militaire de La Flèche. La vie en internat l’enchante. « J’ai aimé les vertus du collectif, de l’amitié, de la solidarité ». Il s’épanouit ensuite en école de commerce, raffolant des activités associatives. Il choisit le golf, devenant responsable presse et goûtant au journalisme. « J’aime l’idée de produire de la matière intellectuelle et de la marketer ». En DESS à l’Institut de Presse à l’université de Paris II Assas à Paris, il est le seul de sa promotion de 30 à vouloir travailler dans les médias sans être journaliste. « Mon graal, c’était de diriger un journal ».
Il sera d’abord officier chez les chasseurs alpins pour son service militaire. « J’en rêvais à cause du sport, de la montagne. Et ils incarnent les bons côtés des militaires sans la rigidité que la grande muette peu avoir ». Il commence sa carrière comme chargé d’études au syndicat de la presse quotidienne régionale. Il y participe encore trente ans après. Comme il est toujours avec la mère de ses cinq enfants. Homme de fidélité, il goûte à la PQR via Le Parisien de Fabrice Nora et Christian de Villeneuve. Il ne la quitte plus. Il s’installe avec sa jeune famille à Lille en 2003 pour prendre la direction des ventes de La Voix du Nord. Dix-neuf ans plus tard, et après un crochet par Le Courrier Picard, cet homme de conviction a décroché son graal, manager d’une équipe de 700 personnes. Un grand et beau terrain de jeu.
Parcours
1986. Institut supérieur du commerce.
1990. DESS à L’Institut Français de Presse.
1998-2002. Chef des ventes au Parisien puis directeur des ventes à Aujourd’hui en France.
2003-2010. Directeur des ventes de La Voix du Nord.
2011-2015. Directeur général du Courrier picard.
Depuis 2015. Directeur général délégué et directeur de La Voix du Nord.