Thomas Jolly a fait rayonner la France avec les spectacles des Jeux, en particulier lors de l’ouverture sur la Seine. Pour toutes les prouesses et la magie des cérémonies, le directeur artistique de Paris 2024 est nommé créatif de l’année par la rédaction de Stratégies.
Dans Au cœur des Jeux, la série documentaire de France Télévisions, on peut voir Thomas Jolly déçu aux larmes en découvrant la météo du 26 juillet. Mais ne dit-on pas cérémonie pluvieuse, cérémonie heureuse ? Car, pour beaucoup, le spectacle fut à la hauteur des attentes : festif et grandiose. Nommé en 2022 à l’âge de 40 ans directeur artistique des quatre cérémonies de Paris 2024, Thomas Jolly a su relever haut la main ce défi d’envergure planétaire, en particulier l’ouverture magistrale des Jeux sur la Seine avec plus de 2000 artistes mobilisés. Une mise à l’honneur de la capitale qui a été suivie par un milliard de téléspectateurs à travers le monde.
La démesure et le succès, Thomas Jolly en était déjà adepte. Récompensé en 2023 d’un Molière de la création visuelle et sonore pour avoir redonné vie à Starmania, l’homme de théâtre s’était précédemment illustré avec un phénoménal Henri VI : 18 heures de représentation qui avaient conquis le festival d’Avignon en 2014. Thomas Jolly avait reçu un Molière en 2015 pour la mise en scène de cette pièce de Shakespeare que nombre de critiques avaient qualifié d’opéra rock. En 2016, dans un esprit plus noir et gothique, le virtuose s’était attelé à Richard III, une suite logique à Henri VI. Ce deuxième opus, dans lequel il tenait le rôle-titre, avait remporté l’adhésion d’un public averti.
Cet été, devant un public mondial, l’artiste s’est affirmé avec le même fourmillement d’idées que pour ses précédentes créations. Pour cela, il était entouré de Daphné Bürki, directrice des costumes, Maud Le Pladec, directrice de la danse et Victor Le Masne, directeur musical. Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, Thomas Jolly a dû défendre ses intentions. « Est-ce que vous comprenez les réactions parfois offensées ce matin, de musulmans au Maroc ou de catholiques en Australie, qui ont trouvé certains moments inacceptables ? », lui demande un journaliste. En cause, plusieurs tableaux, dont l’un avec un trouple (un clin d’œil à Jules et Jim de François Truffaut) ou encore un autre avec des drag-queens (qui était une référence au Festin des Dieux (de l’Olympe) plutôt qu’à la Cène).
Une célébration de la diversité
Rappelons que le directeur artistique, ainsi que la DJ Barbara Butch, ont été les cibles d’un cyberharcèlement homophobe. « Il n’y avait pas de volonté pour moi de passer des messages [...] militants. C’était simplement des messages républicains. En France, on a le droit de s’aimer, comme on veut et avec qui on veut. En France, on a le droit de croire ou de ne pas croire », réplique Thomas Jolly. Pas de volonté de subversion mais de mise en lumière d’une diversité joyeuse. Un spectacle réussi dans les yeux de 85% des Français. Dans Cérémonie d’ouverture : premiers secrets sur France Télévisions, Thierry Reboul, directeur exécutif de Paris 2024, confiait : « Le jour où on se plante sur un événement comme ça, il faut aller au fin fond de l’Indonésie pendant à peu près une dizaine d’années si on veut être tranquille. » En faisant le choix de Thomas Jolly, le comité d’organisation ne s’est pas « planté ». Pour autant, d’après son compte Instagram, l'artiste a choisi de se ressourcer sur l’« Island of the Gods ».