Si la chute du Premier ministre Michel Barnier a été perçue comme une «mort annoncée», quid des conséquences, alors que s'ouvre une « période d'incertitudes politique, économique et financière », questionnent la presse française et des titres internationaux dans leurs Unes du jeudi 5 décembre.

« Quelles suites après la chute de Barnier? », titrent les Dernières nouvelles d'Alsace. « Et maintenant? », s'interroge l'Est Eclair en Une. Même son de cloche au Parisien, avec une photo du président Emmanuel Macron et de Michel Barnier, où l'on peut distinguer le second à l'arrière-plan, faisant écho à la titraille « Après la censure le grand flou ».

Et lorsque Libération s'amuse d'un « Veni, Vidi, Viré », Les Echos parlent, eux, d'« alliance des extrêmes ».

Pour Patrick Moyon de Ouest-France, la censure du gouvernement par « les voix de la gauche et l'extrême gauche » associées « à celles de l'extrême droite » marque « la fin du barrage républicain tant vanté entre les deux tours des élections législatives ». « Les calculs partisans et, plus encore, la détestation du président de la République, l'ont emporté sur toute autre considération », déplore Patrick Moyon. « Il y a dans cet événement hier (mercredi, ndlr), quelque chose de sidérant, dont on ne mesure sans doute pas encore les conséquences politiques », semble-t-il avertir.

« Loin de régler la crise en cours, la censure du gouvernement de Michel Barnier ne va pas redonner confiance aux Français dans la politique », écrit Béatrice Frère dans les colonnes de La Voix du Nord.

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Dans La Montagne, Sophie Leclanché évoque la « fin de la chronique d'une mort annoncée avant même sa nomination comme Premier ministre », après des législatives « incongrues » qui avaient « constitué une assemblée on ne peut plus éloignée de la majorité ». « Que pouvait-on attendre d'autre dans cette France si orpheline de son traditionnel bipartisme, si allergique au concept de coalition, de +socle commun+? », ajoute Sophie Leclanché.

Benoît Gaudibert, du Républicain Lorrain, critique: « les Macronistes et LR peuvent vainement dénoncer le +cynisme + de la cheffe de l'extrême droite, ils devraient d'abord s'en prendre à eux-mêmes ». « Dès le premier jour, ils se sont montrés incapables de s'accorder. La solidarité gouvernementale n'a jamais été au rendez-vous. Retour donc à la case départ. »

Vincent Trémolet de Villers du Figaro les rejoint tous, lançant que « la politique se confine dans des négociations catégorielles et des combinaisons lilliputiennes » alors que « la France est à la renverse » « Au bord du gouffre financier, du déclassement économique, notre pays est traversé par une délinquance aveugle et galopante, frappé par une déstabilisation migratoire qui amplifie toutes ses difficultés », déroule-t-il.

« Dans un contexte international déjà extrêmement préoccupant, précipiter à la veille des fêtes de fin d'année le pays dans une nouvelle période d'incertitudes politique, économique et financière, risque aussi d'être très impopulaire. Et de laisser des traces », alerte Alexandra Schwartzbrod de Libération.

Parmi les grands médias étrangers à réagir, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel écrit que « le principal partenaire de l'Allemagne au sein de l'UE s'enfonce dans une double crise politico-financière » dont « la situation chaotique ne pourra être résolue que par de nouvelles élections, si tant est qu'elles aient lieu ». « Quand tout est flou (...) il est sage de protéger les lignes claires », selon Vincent Trémolet de Villers du Figaro, pour qui « il ne faut surtout pas un Premier ministre venant de la gauche ». « Le nouveau Premier ministre devra cultiver l'art du dialogue et du compromis », « une voie étroite, mais pas impossible », estime quant à lui Loup Besmond de Senneville, de La Croix.

Quoi qu'il en soit, « l'enjeu pour Emmanuel Macron est de sauver le reste de son second mandat tout en protégeant ce qui reste de son bilan, en particulier dans le domaine de l'économie, où il a mis en oeuvre des réformes favorables aux entreprises et des réductions d'impôts », analyse le Financial Times.

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