Renaud Dély, éditorialiste et coanimateur des Informés du matin sur Franceinfo, animateur du 28 Minutes d’Arte revient sur les grandes actualités de la semaine.

La large réélection de Donald Trump.

Cela a été une surprise vue de France et même d’Europe où la couverture médiatique de la campagne a souffert, comme souvent, d’un net tropisme démocrate. Il s’est doublé d’un questionnement psychiatrisant. Donald Trump est-il fou ou fasciste (terme utilisé par Kamala Harris) ? Les sondages ne l’ont pas sous-estimé mais la dynamique lui a été favorable. Le trumpisme est enraciné dans la société américaine car il prétend répondre aux angoisses sociales et identitaires des classes populaires. Donald Trump a pris en compte les préoccupations majeures d’une large partie des Américains avec son programme fondé sur le pouvoir d’achat, l’immigration et l’identité. Kamala Harris a pensé à tort que les Latinos et les femmes voteraient pour elle en raison du racisme de Trump et de ses postions anti-IVG. Mais c’était une erreur et les démocrates ont tourné le dos aux aspirations des classes populaires.

Les inquiétudes autour de la mise en œuvre du «Project 2025» pensé par les soutiens ultra-conservateurs de Trump.

On peut redouter la mise en œuvre de ce projet idéologique radical même si Donald Trump a pris la précaution de le mettre à distance. Mais le Trump de 2024 n’est pas celui de 2016, il a fait le ménage dans son entourage. Et les États-Unis conservent des contre-pouvoirs solides, avec une société civile et des médias vigilants. La gauche, qui agite la peur du fascisme, ne fait que la servir car entre 2017 et 2020, les États-Unis n’ont pas basculé dans un régime autocratique.

Les conséquences sur l’économie mondiale du protectionnisme de Donald Trump.

Elles peuvent être lourdes car il devrait mettre en place des taxes à l’endroit de la Chine et du reste du monde plus lourdes qu’en 2017. Mais il faudrait que l’Europe se réveille et apprenne à mieux défendre ses intérêts en adaptant des mesures de rétorsion plutôt que de faire preuve de naïveté en poursuivant ses génuflexions face au sacro-saint dogme du libre-échange. On peut pleurnicher sur les taxes mais notre balance commerciale demeure positive face aux États-Unis. À nous d’amender ce dogme.

Le lancement de la COP29 en Azerbaïdjan.

Le choix de ce pays peut indigner au regard de l’exploitation qui y est faite des énergies fossiles et de son régime non démocratique. On peut craindre qu’il en profite pour instrumentaliser cet événement en sa faveur. Mais brandir la menace d’un boycott me semble être une réaction d’enfant gâté des pays occidentaux. Ce sont les pays en voie de développement qui ont besoin de ces rencontres pour alerter sur leur situation et espérer une meilleure répartition mondiale des efforts pour lutter contre le dérèglement climatique. Mieux vaut y aller et dénoncer certaines dérives que de pratiquer la politique de la chaise vide.

La multiplication de plans sociaux (Auchan, Michelin, Vencorex) au sein d’entreprises soutenues par des aides publiques.

On assiste à un renversement de conjoncture avec une croissance qui ralentit et un chômage qui repart à la hausse. Sans ces subventions, la situation n’aurait-elle pas été pire pour l’emploi ? Car la compétitivité des entreprises s’est améliorée. Les crédits d’impôt recherche dont a bénéficié Michelin ne sont peut-être pas suffisamment ciblés. Mais il est impossible de demander un remboursement rétroactif. La seule question peut être d’assujettir de futures aides à un maintien de l’emploi.

Les 40 ans de Canal+.

C’est un anniversaire qui rappelle aux gens de ma génération - j’avais 15 ans à son lancement -, à quel point cette chaîne a été une révolution en matière de liberté de ton, d’humour, de diffusion sportive ou de films de cinéma. Malheureusement, tout change et 40 ans après, il y a une forme de nostalgie face à ce que l’on a appelé l’«esprit Canal» qui semble avoir disparu. Les temps changent, Canal aussi.

Lire aussi :