L’ex-animatrice star de TF1 Flavie Flament, devenue un pilier de RTL, revient à la télé aux commandes de Télématin. Portrait d’une femme d’engagement qui a fait changer la loi sur le délai de prescription des viols de mineurs. Un article également disponible en version audio.

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Le sourire demeure radieux, le nez mutin, la spontanéité généreuse, même dans ce TGV qui mène les animateurs de RTL au Mans pour 24 heures de délocalisation, en septembre. De quoi attirer l’œil des plus grands pros. Pour le meilleur, après un parcours sur TF1 et depuis 15 ans sur RTL. En cette rentrée, il faut désormais ajouter Télématin qu'elle coanime avec Julien Arnaud. Et pour le pire, à cause du photographe star des années 80 David Hamilton, obsédé par les jeunes filles prépubères.

France 2 l’a approchée au printemps pour remplacer Julia Vignali à la coprésentation de Télématin. « Quand je suis partie de TF1, Thierry Thuillier, alors sur France 2, m’avait rencontrée et demandé le programme dont je rêverais, j’avais répondu "Télématin" d’autant plus innocemment que William Leymergie y régnait », nous confie Flavie Flament. Sa copine, la productrice Alexia Laroche-Joubert l’assure : « Impossible de refuser d’être dans la chambre des Français tous les matins et elle le fait très bien. Flavie est une fille généreuse et courageuse, libre et épicurienne, avec une voix dingue. Elle bosse énormément et connaît parfaitement ses dossiers, ce que l’on n’imagine pas forcément d’elle. »

Quinze ans plus tard, le rêve est exaucé. Mais elle conserve Ça va beaucoup mieux avec Jimmy Mohamed sur RTL, lui-même par ailleurs présentateur du Magazine de la santé sur France 5. « C’est un bel alignement des planètes. C’est intense mais je n’ai plus d’enfants chez moi, je peux me coucher à 20 heures et me lever à 4 heures, ce n’est pas un sujet », assure celle qui continue de suivre sa voix singulière.

C’est un concours de Miss Ok ! en 1988 qui vaut à cette jeune Normande d’être repérée par M6 puis par TF1. D’apparitions en présentation de magazines, Flavie Flament creuse son sillon et finit par présenter avec maestria les supershows en direct de TF1 (Nice people, Vis ma vie et autres Star à domicile). « Mon ambition première, c’était d’écrire des livres et d’être journaliste. Mais les rencontres déterminantes avec Jean-Luc Delarue puis Étienne Mougeotte (directeur de TF1) m’ont emmenée vers un enchaînement d’expériences géniales à côté desquelles je ne pouvais pas passer pendant dix ans ».

Elle s’impose avec ses armes. « Lors d’émissions en coanimation, j’avais parfois affaire à de vieux loups qui étaient très contents d’avoir une jolie blondinette pour laquelle ils avaient assez peu d’estime. Ils pensaient me bouffer toute cru. Je me suis battue pour défendre ma place, en travaillant peut-être deux fois plus ».

Mais en 2010, la reine des primes dit stop. « J’ai toujours aimé mon métier, être en plateau ou en studio mais je n’ai jamais été accro à la notoriété ou à la visibilité, reconnaît Flavie Flament. Au contraire, cela m’a dévoré au point de nourrir un ras-le-bol de lumière et de souffrir de la confusion entre ma vie professionnelle et ma vie privée ». Son mariage avec Benjamin Castaldi, autre star de la chaîne, lui vaut d’être pourchassée par les paparazzis au gré de la dégradation de leur relation.

Au service de tous

« Dans ce tourbillon, ma vie entière m’a complètement échappé, explique Flavie Flament. Je me mettais au service de tous, mais pas de moi. Mon sens de la préservation m’a incitée à partir suite à la mort de mon grand-père. Un nuage noir m’a fait augurer qu’une grande tempête et une période extrêmement difficile allait s’abattre sur ma vie. » Elle quitte donc TF1 en pleine gloire. De quoi intriguer Christopher Baldelli, alors président de RTL, qui la reçoit et l’embauche sur l'antenne, à l’abri des lumières. Elle y officie depuis quinze ans : « J’y ai fait précisément ce que j’avais envie de faire depuis toujours : un travail purement journalistique d’abord, avec des entretiens culturels, puis une émission qui décryptait la société. »

L’orage a fini par éclater, canalisé par une longue thérapie qui lui permet de mettre des mots sur le viol qu’elle a subi à 13 ans et inconsciemment refoulé via un processus d’amnésie traumatique. Elle en témoigne dans son livre La Consolation, en octobre 2016, tout en taisant le nom de David Hamilton, en raison du délai de prescription de 20 ans. Elle finit par le révéler, soutenue par d’autres témoignages parus dans Le Nouvel Obs. Quelques jours plus tard, le photographe est retrouvé mort à son domicile, vraisemblablement suicidé. Laurence Rossignol, alors ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, lui confie une mission sur le délai de prescription. 

La notoriété pesante des années TF1 fut alors un atout pour défendre un combat dont Flavie Flament est sortie victorieuse : l’allongement à 30 ans du délai de prescription des viols sur mineurs est adopté. « La fierté de ma vie, c’est ce changement de loi que j’ai porté car j’ai le sentiment d’avoir fait quelque chose de profondément utile ».

Parcours

2000 à 2010. Présentatrice de magazines et de prime times sur TF1.

Depuis 2010. Animatrice sur RTL, d’abord de l’entretien culturel Tout Le Plaisir est pour nous, puis de l’émission de société On est fait pour s’entendre. Aujourd'hui Ça va beaucoup mieux, avec le docteur Jimmy Mohamed.

2016. Publie La Consolation (JC Lattès) dans lequel elle dévoile avoir été violée à 13 ans.

2017. Obtient l’allongement de 20 à 30 ans du délai de prescription des crimes sexuels commis sur mineurs.

Rentrée 2024. Coprésente Télématin sur France 2 avec Julien Arnaud.