Le groupe de presse propriétaire des Dernières Nouvelles d’Alsace, du Progrès, etc., a publié une charge sur l’utilisation de l’IA, contestée en interne.
Le groupe de presse Est-Bourgogne-Rhône-Alpes (Ebra), propriétaire de neuf quotidiens régionaux français, a publié une charte d’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans ses contenus journalistiques, contestée en interne. Dans cette charte, publiée samedi 5 octobre, dans tous ses titres (Dernières nouvelles d’Alsace, Le Progrès, le Dauphiné libéré…), le groupe propriété du Crédit mutuel s’engage « à signaler clairement tous les contenus éditoriaux qui seraient produits par une intelligence artificielle » et « toutes les images d’illustration qui seraient produites par une IA ».
« Nous nous interdisons par ailleurs de modifier des images d’actualités et nous nous engageons à ne pas utiliser des IA qui ne respectent pas la législation sur les droits d’auteur », ajoute la direction.
Deux titres du groupe, L’Est Républicain et Vosges Matin, ont commencé il y a un an à utiliser ChatGPT, outil d’IA dite « générative » qui permet de produire un texte à partir d’instructions données, pour corriger et mettre en forme des textes de leurs correspondants locaux de presse. Ebra s’engage également « à ce que toutes nos publications soient lancées et placées sous le contrôle d’une ou d’un journaliste professionnel. » L’IA « ne pourra jamais se substituer à l’expertise de nos journalistes, ni à leur capacité à réaliser des reportages et tisser des liens sur le terrain avec les sources de l’information. »
Réécriture d’articles
« Nous pourrons aussi rendre accessibles au grand public des contenus que nous ne sommes pas aujourd’hui en capacité de produire », assure Ebra, citant par exemple les « résultats des élections, prévisions météo, résultats sportifs… ». Mais dans la pratique, « on est clairement dans l’utilisation de l’IA qui interfère avec le métier de journaliste », a dénoncé Éric Barbier, délégué syndical à l’Est républicain du Syndicat national des journalistes (SNJ).
« On va bien au-delà » d’usages présentant peu de risques de concurrencer le travail des journalistes, comme la compilation de résultats sportifs ou le traitement de données chiffrées, affirme-t-il, « puisqu’on lui demande de réécrire des textes ». « Ce dont je m’aperçois, c’est qu’à aucun moment, la direction n’a indiqué à nos lecteurs que les contenus de nos petites pages locales, qui sont alimentées par nos correspondants locaux, sont réécrits par l’IA générative », a-t-il ajouté.
Le groupe Ebra, également détenteur du Journal de Saône-et-Loire, du Bien public et de l’Alsace, revendique 3,3 millions de lecteurs pour ses journaux papier et 16,5 millions de visiteurs uniques par mois sur les sites de ses journaux.