Le nageur parasportif Théo Curin devient le nouvel animateur du jeu à succès Slam sur France 3, un choix fort pour la visibilité des personnes handicapées à la télévision.
Comme un symbole, la diffusion de Slam présentée par Théo Curin démarrera le 9 septembre, au lendemain des Jeux paralympiques, point culminant de l’exposition médiatique du handicap. « À la télévision, il y a 10-15 ans, on ne voyait pas de personnes comme moi. Aujourd’hui, on en voit de plus en plus », assure à l’AFP Théo Curin, première personne handicapée à présenter une telle émission grand public. « On a franchi un vrai cap, j’espère que ce n’est qu’une première porte ouverte et qu’il y en aura plein d’autres, avec d’autres personnes », ajoute-t-il, ton cordial et enthousiasme communicatif.
Amputé des quatre membres à six ans à la suite d’une méningite, le nageur de 24 ans a été le principal visage du handisport en France, avant d’abandonner la compétition. À 16 ans, il a participé à ses premiers Jeux paralympiques, à Rio en 2016, puis est devenu double vice-champion du monde en 2017 et a remporté une médaille de bronze lors des Championnats du monde deux ans plus tard.
« Médaille d’or »
« Ma médaille d’or, c’est d’avoir décroché ce rôle d’animateur de Slam », s’amuse celui qui participait déjà à « Échappées belles », magazine de voyage de France 5. Également acteur et mannequin, il succède à l’animateur vedette de France Télévisions Cyril Féraud, lequel reprend « Tout le monde veut prendre sa place » sur France 2. « C’est une fierté immense de prendre son témoin, un peu comme si Usain Bolt nous passait le relais en finale olympique », sourit Théo Curin, tenaillé par « l’envie de bien faire ».
Diffusé à 17 h 30, « Slam » est un pilier de la grille de France 3 depuis 2009. Les candidats répondent à des questions pour trouver des lettres et remplir des grilles de mots fléchés. La saison dernière, ce jeu a rassemblé 1,2 million de téléspectateurs en moyenne (14 % de part d’audience), selon France Télévisions. « On me donne les manettes d’une émission qui n’a rien à voir avec le handicap ni avec le sport, ça veut dire que France Télévisions a décidé de faire confiance au jeune homme que je suis », se réjouit l’animateur, qui veut « tout faire » pour « ne pas décevoir ».
« Fou de télévision »
Selon un rapport publié en janvier par l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, la représentation des personnes handicapées à la télé reste « faible », bien qu’elle « progresse ». En 2022, une barre symbolique a été franchie : elles ont représenté 1 % des gens apparaissant dans les programmes. Mais malgré cette hausse, « cette composante de la population demeure largement sous-représentée », déplorait l’Arcom. En outre, ce « taux historiquement élevé » cache « d’importantes disparités entre les genres de programmes ». Si les personnes handicapées représentent 2,4 % des personnages de fictions, ce taux tombe à 0,3 % pour les émissions de divertissement.
Théo Curin reconnaît que son handicap « va peut-être surprendre au début ». Mais « on va habituer les gens et, au fur et à mesure, ce ne sera plus forcément un sujet », espère-t-il. Car « la star, c’est le jeu et les candidats, ce n’est pas mon handicap et moi ». En raison de son horaire, « Slam » « est suivi par des personnes un peu plus âgées mais aussi par monsieur et madame Tout-le-Monde et, toucher tout le monde, c’est ce que j’adore », revendique ce « fou de télévision ».
« J’ai grandi avec la télévision, je suis né au fin fond de la campagne, en Lorraine, et on passait pas mal de temps devant la télé avec ma famille », se souvient-il. L’ex-sportif de haut niveau dit avoir « abordé les premiers enregistrements de + Slam + comme l’une des plus grandes compétitions de (sa) vie » : « J’espère que c’est une belle histoire qui ne fait que commencer ».