Le championnat des clubs de foot a repris mi-août avec une incompréhension des tarifs proposées par la plateforme britannique. Et pourtant...
La Ligue 1 est-elle devenue trop chère ? A 30 ou 40 euros (sans engagement) pour huit matchs sur neuf sur DAZN et 15 euros pour le match du samedi à 17h sur BeinSports, l'écart est important par rapport à l’offre de Prime Video, qui oscillait entre 13,5 et 22 euros pour huit matchs entre 2021 et 2024. Mais Amazon en avait fait un produit d’appel pour l’ensemble de ses services. Et la nouvelle offre née de la reprise du championnat, le 16 août, reste en deçà de la moyenne du marché européen : 35 euros en Italie pour un forfait incluant tous les matchs mais 65 euros au total avec deux diffuseurs en Allemagne, 87,30 euros avec trois diffuseurs au Royaume-Uni et près de 100 euros en Espagne avec deux ayant droit également. C’est ce qui fait dire à Vincent Chaudel, cofondateur de l’Observatoire du sport business, que « le sujet n’est pas le prix de l’offre : soit le championnat n’est pas assez important pour les fans aient envie de l’avoir, soit il y a un sujet sur le catalogue des contenus ». Peut-on par exemple payer un tel prix pour un championnat si on est abonné à Canal+ pour la Ligue des champions mais aussi le Top 14 de rugby, la F1 et son offre de films et de séries ?
« 30 euros, c’est le prix d’un restau un vendredi soir. Donc cela fait un vendredi dans le mois, sur quatre, où tu ne vas pas au restau pour te payer ton abonnement DAZN », a plaidé dans L'Equipe Laurent Nicollin, président du club de Montpellier et proche de Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnelle. Une déclaration qui a suscité l'ire de nombreux internautes alors que la plateforme de streaming britannique vise 1,5 million d'abonnés. Mais le prix pourrait être aussi l'arbre qui cache la forêt, celle d'abonnés qui sont balayés depuis six ans d'abonnements en abonnements et qui n'ont découvert que fin juillet le nouvel opérateur et début août ses tarifs. En cause : la décision de Vincent Labrune de retarder le plus possible le choix du diffuseur alors qu'il pouvait le faire dès janvier. Conséquence : « ce n'est pas simple, en un temps si court, de faire le tour des 18 clubs pour négocier avec eux des tarifs préférentiels pour les abonnés des clubs comme le font DAZN et Sky en Italie », poursuit Vincent Chaudel.
D'autant que le patron de la LFP n'est arrivé à attirer que la motié du milliard d'euros espéré : 400 millions de DAZN pour ses huit matchs et 100 millions de BeIn pour son match du samedi. Résultat, un manque à gagner qui pourrait être très préjudiciable pour une dizaine de clubs qui vont perdre dix millions d'euros en moyenne sur leur ligne budgétaire droits TV. Dur pour Le Havre, par exemple, qui n'a qu'un budget de 35 millions d'euros. Le risque est désormais que le public se détourne de l'offre légale pour aller sur Telegram ou les IPTV. « On pourrait compter entre 200.000 et 1 million de téléspestateurs pirates. Et il y a presque de la promotion du piratage dans certains médias », assène l'expert. Il ne peut en résulter qu'une difficulté supplémentaire pour DAZN d'atteindre son objectif économique, donc un risque de nouvelle dévalorisation de la Ligue, et un affaiblissement des équipes. Seule consolation : les grands clubs (PSG, OL, OM..) vont avoir encore plus les moyens d'attirer les meilleurs joueurs, à l'échelle française, et vont donc truster davantage les compétitions européennes sur plusieurs saisons.