Cela ne fait même pas une semaine que l'émission a commencé que l'Arcom a adressé un rappel à l'ordre à la station. Le régulateur exige de la radio qu'elle respecte ses obligations de pluralisme et d'honnêteté dans la couverture de l'actualité électorale.
L'Arcom a rappelé à Europe 1 ses obligations en matière de « pluralisme » et d'« honnêteté » vis-à-vis de « l'actualité électorale », deux jours après le lancement d'une émission confiée à l'animateur controversé Cyril Hanouna, dans un courrier consulté par l'AFP. La vedette de C8, chaîne dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a atterri lundi sur la radio de l'homme d'affaires pour y présenter une émission quotidienne, « On marche sur la tête », de 16H00 à 18H00, en amont des élections législatives.
Dans un courrier révélé par une journaliste du Monde, le régulateur de l'audiovisuel rappelle à la station, « au regard notamment des évolutions apportées récemment à » sa grille, son obligation de « traiter avec mesure et honnêteté l'actualité électorale ». Europe 1 doit aussi veiller « strictement » à « assurer une pluralité de points de vue dans les émissions de débats », écrit l'Arcom. « Plus généralement », la radio doit se conformer « à l'exigence de pluralisme de l'information telle qu'elle découle » d'une décision du Conseil d'Etat de février, explique l'autorité, qui veut « connaître dans les plus brefs délais les mesures » qu'entend mettre en oeuvre Europe 1 pour respecter ses différentes obligations.
Saisi par Reporters sans frontières du cas de CNews, également contrôlée par Vincent Bolloré et considérée par l'ONG comme un « média d'opinion », le Conseil d'Etat avait alors sommé l'Arcom de muscler son contrôle du pluralisme des chaînes. Le régulateur devrait dévoiler un dispositif renforcé avant la fin de l'été mais le principe de la décision s'applique déjà. Depuis lundi, de nombreux observateurs pointent l'absence de pluralisme dans l'émission radio de Cyril Hanouna, en faveur de l'extrême droite. L'Arcom a ainsi indiqué à l'AFP avoir été saisie pour le premier numéro de l'émission, où ont été invités le maire de Béziers et ex-proche de Marine Le Pen Robert Ménard, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, l'eurodéputé RN Matthieu Vallet et le président de Reconquête! Eric Zemmour.
Le régulateur a également été saisi pour la dernière de « Touche pas à mon poste » jeudi dernier. Lors de cette émission, Cyril Hanouna a joué les entremetteurs en appelant le président du RN, Jordan Bardella, pour que l'eurodéputée Reconquête! Sarah Knafo lui laisse un message et réclame un accord en vue des législatives des 30 juin et 7 juillet. La veille, Cyril Hanouna avait déclaré qu'il quitterait la France en cas de victoire des insoumis, plaidant par la suite une « boutade ». L'animateur de 49 ans est un habitué des dérapages et ses émissions ont valu à C8 une pluie de sanctions de l'Arcom, pour un total de 7,5 millions d'euros.