«Reste entre kippas», lui avait lancé l’un d’eux : au procès du cyberharcèlement de l’ancienne «reine des influenceuses» Magali Berdah, le tribunal s’est penché le 4 décembre sur le cas de deux prévenus qui se sont vus reprocher des propos antisémites.

L’un des prévenus a été longuement entendu par le tribunal correctionnel de Paris dans ce dossier d’ampleur qui concerne 28 internautes au total, dont 13 sont jugés jusqu’à ce mardi 6 décembre. Il a dû s’expliquer notamment sur un message envoyé à Magali Berdah via Instagram, dans lequel il regrettait « qu’Hitler ne (se soit) pas occupé de (ses) grands-parents ». L’homme de 32 ans a qualifié son message de trait « d’humour satirique » qu’il pratique « avec (son) groupe d’amis ». « Par exemple, on a vanné un ami arménien sur le génocide », se justifie-t-il à la barre, ajoutant qu’il « savait plus ou moins que Mme Berdah était juive ».

Me Rachel-Flore Pardo, avocate de Magali Berdah, et Me Léa Fiorentino, représentante de l’Organisation juive européenne, ont évoqué devant le tribunal les différents messages envoyés par le prévenu à plusieurs personnalités de confession juive ainsi que des tweets antisémites trouvés par les enquêteurs lors de l’exploitation de son téléphone portable. Le prévenu, à l’apparence soignée, aurait envoyé au comédien Patrick Timsit : « Je suis goy (non-juif, NDLR) et antisémite ». « Je voulais dire "antisioniste" », a réagi le trentenaire dans un échange tendu avec Me Fiorentino. « L’antisionisme est une forme d’antisémitisme selon la loi », lui a lancé l’avocate, à laquelle le prévenu a rétorqué : « C’est votre ressenti ». Pour sa défense, Me Jennifer Kamguen a dénoncé « une volonté de transformer cette audience en procès pour injure raciale », une circonstance aggravante « qui n’est pas avérée », selon elle.

« Juste pour la piquer »

Déjà condamné pour des faits de cyberharcèlement en 2019, le prévenu est également poursuivi pour avoir envoyé des messages injurieux à un journaliste iranien durant l’été 2023. Actuellement sans profession, diplômé de trois licences en journalisme, persan, ingénierie et d’un BTS en électronique, l’internaute a reconnu que ce « n’était pas drôle » et a présenté ses excuses à la victime, tout en lui reprochant ses « escroqueries » et « placements de produits ».

Des « escroqueries » vilipendées sur les réseaux sociaux par le rappeur Booba, mis en examen mais pas concerné par le procès en cours. L’artiste s’est lancé en 2022 dans une croisade contre Magali Berdah et ceux qu’il appelle les « influvoleurs », qu’il accuse de multiples arnaques au préjudice des internautes.

Un second prévenu, absent à l’audience, avait enjoint à l’ancienne « reine des influenceurs », qu’il a accusée devant les enquêteurs d’être « manipulatrice et malhonnête », de « rester entre kippas », un message assorti de menaces de mort. Cet agent d’entretien de 22 ans avait reconnu le caractère antisémite de ses propos lors de son audition de garde à vue, mais précisé : « je n’ai aucun avis sur les religions en général, c’était juste pour la piquer ».

Lors de la première journée d’audience le 27 novembre, Magali Berdah avait raconté son calvaire à partir de mai 2022, lorsqu’elle a été accablée sur les réseaux sociaux de dizaines de milliers de messages insultants et de menaces de mort. « J’ai été à deux doigts de me jeter par la fenêtre », a-t-elle affirmé. Réquisitoire mardi. Le jugement sera mis en délibéré.

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