Soizic Bouju est directrice générale du groupe Centre France. Pour Stratégies, elle revient sur l'actualité de la semaine.
La place de la presse quotidienne régionale dans la communication politique des candidats à la présidentielle
C'est aussi à Nevers, Limoges ou Montpellier, que cela se passe ! Le piédestal - principalement les médias audiovisuels nationaux - qui avait historiquement la faveur des candidats est désormais tombé. La démultiplication des usages de médias, la séquence des Gilets jaunes, et l'appétit retrouvé pour les villes moyennes, poussent les candidats à veiller à s'adresser à tous les Français et sous toutes les formes possibles, dont les pages des journaux de PQR, mais également sur leurs sites, live sur Twitch ou Facebook, stories Instagram ou TikTok...
Une campagne «Tefal» avec une démultiplication des fenêtres médiatiques qui contraste avec un désintérêt des Français.
Après le nettoyage au karcher, le triomphe de la poêle. Ce qui désintéresse les Français, ce sont précisément les raccourcis, les acrimonies et les petites phrases que les médias massifs nous servent chaque jour, tout en s’en défendant. Si vous lisez la presse, vous y trouverez des sujets qui remontent au quotidien et intéressent les Français. La réindustrialisation, la solidarité, la santé pour tous, l’accès à l’emploi, le désir de vivre en harmonie, l'environnement. Le désenchantement français est une ritournelle collective et médiatique. Quand vous faites parler les citoyens, la nature optimiste et combative reprend sa place.
L'attrait des Franciliens pour les zones rurales et les moyennes agglomérations.
Les secousses du monde et de la capitale ont eu raison des foyers qui aspirent à du calme et de la chlorophylle. Bonne nouvelle pour une partie de la France abandonnée pendant des décennies par les jeunes générations ! Mais il va falloir offrir aussi à ces nouveaux migrants une équité de traitement : en matière de transports (vétusté des trains), connexion (déserts numériques), santé (déserts médicaux), attractivité professionnelle (formations et emplois), consommation (des centres villes fantômes). Il y a urgence à investir pour n’oublier aucun territoire.
Le taux de chômage au plus bas depuis des décennies.
On croyait pouvoir enfin se réjouir et puis, il parait que ce n’est pas si simple. Temps partiel, contrats précaires, tensions dans certains secteurs d’activité… l’aventure du capitalisme n’a pas fini de nous réserver des surprises. Dans les régions françaises, dans le Cantal ou chez Michelin à Clermont-Ferrand, le travail s’est transformé. Les cols blancs (cadres, ingénieurs) ont remplacé une partie des cols bleus ouvriers, les jeunes créent leurs emplois en inventant leur modèle, l’envie d’indépendance est aussi une donnée nouvelle.
Une cérémonie des Césars qui redonnera aux Français de l'appétit pour les sorties culturelles.
J’attends les unes des journaux du lendemain pour vérifier qu’elles ne se vautrent pas comme chaque année dans l’exercice préféré des milieux artistique et médiatique : déplorer, critiquer et assassiner la ou le pauvre humoriste qui aura eu envie d’y mettre un brin de fantaisie mâtinée d’un sacré courage créatif. Au delà, la scène ciné et culturelle trépigne de retrouver ses publics. Les gens ont envie de rire, rêver, s’émouvoir, danser. Le cinéma sans masque devrait nous redonner un visage humain. Allons-y !