Dans un contexte géopolitique agité ces dernières semaines, la propagation de fake news a été multipliée par 34 entre septembre et novembre sur les plateformes sociales en France, selon une étude Onclusive-Digimind, que Stratégies publie en exclusivité.
Depuis la rentrée, le volume des fake news propagées sur les réseaux sociaux en France a été multiplié par 34, passant de 79 000 à 2,7 millions entre septembre et novembre, selon une étude réalisée par l’institut Onclusive avec Digimind, que Stratégies publie en exclusivité. La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre dernier, participe fortement à cette recrudescence.
Jusque-là, la plupart des fake news tournaient autour de quatre grands thèmes, Donald Trump, les vaccins, le covid et la guerre en Ukraine, mais dans des proportions que l’étude estime en moyenne 10 fois inférieures à ce que l'on connait aujourd'hui. Depuis le mois d'avril, le volume des conversations en français sur les fake news portant sur le conflit Israël-Hamas s'élève à 947 000, émanant de plus de 288 000 comptes.
«Les domaines les plus générateurs de fake news en volume sont des événements d’envergure ou d’impact internationaux liés à la santé publique, aux guerres et aux revendications de territoires. On pense évidemment à la Russie et l'Ukraine, à Israël et au Hamas mais le continent africain, moins médiatisé en Europe occidentale, fait souvent l’objet de désinformation massive lors des conflits, tensions politiques et coups d'État», pointe Onclusive et Digimind dans cette étude.
99% des fake news depuis octobre pour la guerre Israël-Hamas
Sur les 30 derniers jours, la guerre Israël-Hamas représente la quasi-totalité des fake news en français, avec 99% des mentions. Ces fake news diffusées en France, portant sur Israël, le Hamas, les Palestiniens et Gaza, sont un cas unique depuis le début de la crise covid en janvier 2020, que ce soit en termes de volume et de progression, selon l'institut d'études. Avec plus de 900 000 mentions en 38 jours, elles représentent l’équivalent de sept mois de fake news consacrées au covid (pandémie et vaccins) sur l’année 2020. Parmi les raisons qui expliquent ce chiffre, l’étude retient la facilité à créer et dupliquer des images et vidéos, ainsi que le nombre d’émetteurs-relayeurs supérieur à 280 000.
Cette recrudescence des fake news intervient dans un contexte particulier où la méfiance vis-à-vis des médias se ressent de plus en plus. Selon cette même étude, les informations de médias et journalistes sont qualifiées de fake news sur les réseaux sociaux 395 400 fois depuis avril, notamment dans les commentaires. Ce sont ensuite les réseaux sociaux eux-mêmes qui sont visés avec 86 200 mentions et 55 600 mentions sont attribuées aux partis politiques.
La désinformation dans les médias français
Dans une seconde étude, Onclusive s'intéresse au traitement dans les médias français de la désinformation, un sujet qui a fait l’objet de 32 199 retombées entre mai et novembre. Au cours des six derniers mois, les articles consacrés à la question de la désinformation, aux infox et aux fake news, se concentrent essentiellement en mai, juin et octobre, des moments d'actualité importante.
Sur l’ensemble des thématiques traitées, l'enjeu principal des médias reste la mise en garde des lecteurs vis-à-vis des risques de désinformation, avec des articles qui couvrent les actualités géopolitiques, des nouvelles technologies comme l’IA ou encore des réseaux sociaux. «Plus de 4 retombées sur 5 proviennent du web, avec une majorité de retombées issues des sites de médias et de sites généralistes», indique encore Onclusive.