Le classement Altares des 200 groupes médias fait ressortir quelques bonnes surprises en 2022 pour les entreprises qui ont su se diversifier ou s’internationaliser. La PQR reste vulnérable.
Notre classement des 200 premiers médias en France en 2022
Après la « divine surprise » de 2021, 2022 reste marquée par une tendance positive « mais les nuages sont là », estime Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication. L’expert rappelle quelques « occasions manquées d’avoir des champions français » comme le blocage du projet de fusion TF1-M6 par l’Autorité de la concurrence, en septembre 2022, ou « l’univers archipellisé de la presse » qui perdure en grande partie, selon lui, grâce aux aides d’État. « Il y a une incapacité à se doter d’entités ayant une taille critique à l’international », ajoute-t-il. Deux exceptions notables : le groupe Canal+ (+1,7 % en chiffre d'affaires), qui aligne 527 millions d’euros de bénéfice net en grande partie grâce à sa forte rentabilité à l’étranger, et JCDecaux, qui retrouve sa place de deuxième groupe média français, en reconquérant une très grande part du terrain perdu en 2020 après un nouveau rebond de son CA (+20,8 %), qui lui permet de sortir 132 millions de résultat net.
Les entreprises publiques ressortent plutôt à l’équilibre, même si France Télévisions affiche une perte en résultat net de 48 millions d’euros en raison de l’impact de la liquidation de Salto (qui affecte aussi TF1 et M6). Grâce à ses audiences et sa régie publicitaire, le résultat d’exploitation est cependant à +0,1 million. Le groupe TF1 repasse devant M6 en résultat net (176,1 millions vs 165,9 millions) et fait croître son chiffre d’affaires (+3,3 %) là où son concurrent décroît (-2,4 %). Altice Media se consolide, de son côté, à 351 millions d’euros (+5,5 %).
Du côté des acteurs du numérique, Meta continue de se hisser dans le classement après une croissance de 5,5 % qui le porte 927,6 millions d’euros de CA. Poursuivant son internationalisation par des rachats (Barbour ABI, Bindexis…), Infopro Digital arrive dans le top 10 avec 550 millions de CA. Atteignant 461 millions d’euros après un bond de 18 %, Webedia passe devant Solocal qui dégringole à 400 millions d’euros de CA (-6,6 %). Quant à Reworld Media, qui réalise l’essentiel de son activité sur internet, il confirme son inexorable progression, à 505,8 millions d’euros (+7,7 %).
Pour les groupes de presse, qui ont subi une forte inflation des prix du papier et de l’énergie, les bilans sont divers. Sipa Ouest France, recule peu en CA (-1,1 %), mais subit une perte de 13,5 millions d’euros. « C’est une surprise et un défi pour le nouveau directoire », estime Jean-Clément Texier, qui pense « une structuration éditoriale indispensable ». À l’inverse, Le Figaro progresse en CA (+15 %) et tire les fruits de sa diversification, avec 33 millions de résultat net, grâce à CCM Benchmark et le Figaro Classified. Les Echos-Le Parisien se consolide en CA (+2,9 %) mais ne communique pas son résultat. Le groupe Le Monde, lui, se renforce un peu à 309,5 millions d’euros (+0,8 %) et reste profitable (3,3 millions) grâce à Télérama. Quant à CMI France, il progresse fortement (+8,8 %) en sortant 16,3 millions de résultat. Enfin, la PQR montre globalement qu’elle a tardé à capter les publics du numérique. « Elle a été obsédée par ses problèmes de fabrication et devra affronter une tempête avec des plans sociaux qui restent à effectuer », conclut l’expert.
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