Les États généraux de l’information ont présenté leurs priorités le 3 octobre. Synthèse des quatre enjeux clés pour améliorer notre système d’information.
L’enquête Toluna Harris Interactive, publiée le 3 octobre à l’occasion des États généraux de l’information (EGI), montre que 63 % des Français estiment qu’est bien respecté en France le droit à l’information. Pourtant, 55 % déclarent que la fiabilité de l’info s’est dégradée au cours des dernières années. Les Français pensent que les conglomérats ont une influence sur l’information (82 %), que les médias s’intéressent à l’audience et pas à la véracité de l’info (71 %), que les plateformes sont propices à la diffusion d’infox (86 %), qu’ils ont du mal à savoir ce qui est vrai et faux (60 %) ou encore que les opinions ou les avis sur les réseaux sociaux ont trop d’importance (79 %).
Aux grands maux les grands remèdes ? Les EGI visent justement à dessiner, en juin 2024, les évolutions législatives nationales ou européennes susceptibles de répondre à ces manquements.
1/ Recueillir la parole.
« Ce que nous voulons, c’est mettre les Français au cœur de la réflexion », affirme Bruno Lasserre, qui préside le comité de pilotage des EGI, nommé par le président de la République. Leur délégué général Christophe Deloire parle de « tour de France », loin de tout événement « corporatiste et parisianiste ». Pour cela, des chapiteaux seront installés dans toutes les régions, les manifestations d’associations ou de médias – comme Médias en Seine – seront mobilisées. Et le Cese [Conseil économique social et environnemental] organise une consultation publique jusqu’au 12 novembre. Reste à convaincre les syndicats de journalistes de s’impliquer, alors qu’ils se disent exclus du comité de pilotage, et surtout les gens à participer car la critique du traitement éditorial de l’information n’est pas au programme.
2/ L’indépendance journalistique.
Parmi les priorités des EGI, « garantir l’indépendance de l’information dans les médias » et « moderniser les règles en matière de pluralisme et de concentration ». C’est donc le rapport à l’actionnaire qui va être posé. Les Sociétés de journalistes des Echos, du Monde, de Libération et de Mediapart plaident pour la reconnaissance dans la loi d’un droit de véto de toute rédaction sur la nomination de son directeur. Le 19 septembre, un grand patron de presse, Louis Dreyfus, du Monde, s’est également prononcé en ce sens : « Amener un directeur de la rédaction qui n’aurait pas été légitimé par ses troupes, c’est rendre l’entreprise ingérable. »
3/ La fiabilité et le partage de la valeur.
Les EGI se donnent aussi pour priorités la mise en place par les plateformes de « dispositifs structurels pour la fiabilité de l’information » et « d’obtenir des sociétés technologiques et des annonceurs qu’ils contribuent efficacement au financement du journalisme ». La route a été ouverte par RSF avec la Journalism Trust Initiative (JTI), que vient de rejoindre France Médias Monde après France TV et avant TF1 pour flécher les dépenses des annonceurs vers des médias fiables. Il faudra aussi empêcher un pillage des contenus médias par les robots d’IA.
4/ La protection des sources.
Enfin, l’affaire Ariane Lavrilleux, de Disclose, a montré la nécessité de revoir la loi Dati de 2010 qui garantit la protection des sources « sauf impératif prépondérant d’intérêt public ». Toute info sensible concernant l’État peut se voir opposer cette exception.