Fake news, désinformation, infox ou bien complotisme : depuis 2015, ces appellations prennent de plus en plus de place dans la presse française. La plateforme Newsback décortique sept ans de désinformation.
Si la manipulation de l’information a marqué une partie de notre histoire, elle a pris plus d’ampleur ces dernières années. A tel point que certains néologismes ont fait leur apparition dans le langage courant. Selon Newsback, une plateforme qui analyse tous les contenus d’informations français et européens, les appellations faisant référence à la désinformation sont de plus en plus mentionnées dans la presse française, de fake news à infox, en passant par complotisme. Ce phénomène n’est pas sans conséquence sur l’activité même des médias. Ceux-ci ont dû s’adapter et créer des cellules consacrées intégralement à la vérification des informations. Mais alors, d’où vient cette montée en puissance de ce phénomène médiatique ?
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En 2015, les principaux termes renvoyant à la notion de désinformation sont employés de façon modérée dans la presse écrite et en ligne, avec seulement 6471 mentions. Ce n’est qu’à partir de 2016 et la campagne présidentielle aux Etats-Unis que le phénomène prend de l’ampleur dans les médias de l’Hexagone (+46%). La plus nette croissance se fait ressentir un an plus tard lors des élections en France. La loi de proximité ainsi que plusieurs polémiques auprès de certains candidats vont favoriser l’emploi des différents termes de désinformation par la presse française. Au total, en 2017, 20 885 articles mentionnaient l’une des quatre appellations employées : complotisme, fake news, infox et désinformation.
Si les deux campagnes présidentielles ont été les éléments déclencheurs pour la banalisation de ces termes au sein des médias français, d’autres évènements ont, eux aussi, permis de l’accentuer. En janvier 2018, la désinformation va même faire l’objet d’une règlementation, annoncée par Emmanuel Macron. L’exécutif français a lancé un projet de loi contre la manipulation de l’information. Celle-ci a été promulguée fin 2018. A partir de ce moment, la croissance est moins importante mais va connaître des pics expliqués par plusieurs contextes : le mouvement des Gilets jaunes et la crise sanitaire. En 2021, 47 199 articles de presse ont mentionné l'un des différents termes de désinformation, soit 7 fois plus qu’en 2015.
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Avec quatre appellations différentes, comment la presse française s'est-elle accaparée ces termes ? L'emploi de «fake news», par exemple, est associé principalement au mandat de Donald Trump. Le 11 janvier 2017, le 45e président des Etats-Unis effectuait sa première conférence de presse en tant que chef d'Etat. Une conférence durant laquelle il s’est attaqué au média CNN et plus particulièrement au journaliste Jim Acosta. «You are fake news», était la phrase prononcée par Donald Trump, qui reprochait aux intéressés de divulguer des fausses informations. C’est le début du phénomène «fake news».
En ce qui concerne l’appellation «complotisme», celle-ci était déjà présente dans la presse française dès 2015 mais va profiter de la crise sanitaire pour se démocratiser dans le discours médiatique. Le film documentaire Hold up, sorti fin 2020, a aussi joué un rôle dans l’utilisation de ce terme au sein de la presse française. Arrivé tardivement, le néologisme «infox» ne se fait qu’une petite place dans les colonnes des médias. Cette appellation ne fait son apparition qu’en octobre 2018 lorsque la commission d’enrichissement de la langue française recommande de l’employer. Cependant, depuis 2015, «infox» représente seulement 6% des mentions effectuées par la presse de l’Hexagone. Aujourd’hui, les termes les plus employés sont «désinformation» et «fake news» et représentent, à eux deux, 73% des articles mentionnant l’une des quatre appellations.