La ministre de la Culture a fait part de sa vive inquiétude pour les « valeurs républicaines » en raison de la situation au Journal du dimanche, en grève pour empêcher l'arrivée prévue d'un nouveau directeur marqué à l'extrême droite.
« Mon rituel du dimanche, c'était de me réveiller avec le JDD. Aujourd'hui il ne paraît pas », a écrit la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak sur les réseaux sociaux. « Je comprends les inquiétudes de sa rédaction. En droit, le JDD peut devenir ce qu'il veut, tant qu'il respecte la loi. Mais pour nos valeurs républicaines comment ne pas s'alarmer ? », a-t-elle poursuivi. En effet, le journal contrôlé par Vincent Bolloré, est à l'arrêt depuis jeudi et le vote d'une grève qui a empêché sa parution dimanche. Elle a été reconduite samedi soir jusqu'à mercredi à la quasi-unanimité. En cause, l'arrivée de Geoffroy Lejeune, licencié de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, comme directeur de la rédaction.
Officielle depuis vendredi soir, cette arrivée est une « ligne rouge » pour la rédaction, estime la société des journalistes (SDJ) du JDD, qui demande à la direction de renoncer à cette nomination. « La rédaction du JDD refuse d'être dirigée par un homme dont les idées sont en contradiction totale avec les valeurs du journal », a-t-elle ajouté. La rédaction du JDD redoute de voir se répéter une méthode déjà dénoncée ailleurs dans les médias contrôlés par Vincent Bolloré: valse des dirigeants et interventions sur la ligne éditoriale, peur qu'elle ne bascule à l'extrême droite, au prix d'une éventuelle hémorragie de journalistes.
Dimanche, une trentaine de sociétés des journalistes de grands médias, dont France Télévisions, Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, Libération, Radio France ou encore Paris Match, ont apporté leur soutien aux journalistes grévistes du JDD, dans une tribune publiée sur Mediapart. « La nomination de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, dont les contenus haineux ont été condamnés par la justice, est incompatible avec les valeurs que porte le journal depuis soixante-quinze ans », soulignent-ils. Sous la direction de Lejeune, l'hebdo a été condamné à une amende de 1.000 euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI Danièle Obono. En cause, un article et un dessin parus en août 2020 sous le titre « Obono l'Africaine », où l'élue d'origine gabonaise était dépeinte en esclave.