Le gouvernement, qui s’oriente vers une pérennisation du financement des médias publics, ne souhaite pas remettre en cause leur gouvernance.

Après un rapport Gaultier-Bataillon à l’Assemblée nationale et une proposition de loi Lafon-Hugonet au Sénat, le gouvernement a fait connaître ses arbitrages sur l’audiovisuel public. La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, a d’abord la volonté de ne rien changer à l’équilibre actuel dans la publicité, contrairement à ce que demande le rapport. Quitte à contrarier les espoirs de l’association des chaînes privées et même des parlementaires de sa majorité, elle ne souhaite pas obliger France Télévisions à renoncer à 130 millions d’euros de recettes de parrainage et de publicité digitale à quelques mois du démarrage des JO. D’autant que Jean-Luc Chétrit, directeur général de l’Union des marques, a déclaré son hostilité à ce projet dans Le Figaro : l’impossibilité absolue de toucher l’audience du service public après 20 heures nuirait aux annonceurs et au média télévision en profitant plutôt à Netflix qu’à TF1 ou M6.

Une autre proposition phare et commune aux deux initiatives parlementaires, la holding publique coiffant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA, n’a pas été reprise par le gouvernement, à la grande satisfaction des PDG concernés. Pas plus que l’idée d’une salle de rédaction unique à laquelle la ministre préfère une « cellule de veille anti-fake news ».  « Je suis défavorable à la création de cette holding, a-t-elle précisé au Sénat le 12 juin. Oui à une nouvelle ambition sur les cinq prochaines années pour l’audiovisuel public, oui pour la traduire dans les contrats d’objectifs et de moyens en renforçant les coopérations et le suivi de ces coopérations. Oui à plus de souplesse, de concertation, d’avancées pragmatiques et ambitieuses mais non à la bureaucratie, non aux lourdeurs d’organisation et non aux strates hiérarchiques qui viendraient ralentir et disperser les énergies. »

Plutôt qu’un « meccano institutionnel » qui mettrait selon elle 9 à 12 ans pour produire ses effets – au vu de l’histoire de France Télévisions –, la ministre compte s’appuyer sur les COM 2024-2028 pour approfondir les coopérations sur des « champs prioritaires » que sont la création, la jeunesse, l’information, le numérique et la proximité. Laurent Lafon, président de la commission de la culture du Sénat, a rappelé que le CSA avait regretté dans un avis du 15 janvier 2021 le manque d’ambitions dans les COM en matière de synergies.

Pour lui, « la convergence TV-radio est très en deçà d’autres services publics européens ». Sur 62 implantations de France Télévisions ou Radio France, cinq ont fait l’objet de mutualisations, les formations communes ne représentent que 2% chez l’un et 5% chez l’autre, le déploiement des matinales France3-France Bleu arrivera en 2025 au lieu de 2022 et les marchés groupés pour faire des économies ne totalisent que 45 millions d’euros sur 3,5 milliards de revenus. Conclusion du sénateur : « On voit bien que les COM ne fonctionnent pas. » Une mesure « d’équilibre » est davantage acceptée au centre : la pérennisation du financement de l’audiovisuel public par une fraction de TVA à partir de 2025. Une proposition de révision de la loi organique sera proposée en ce sens lors du débat budgétaire cet automne.

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