Coordinateur vidéo de l'AFP en Ukraine, Arman Soldin, 32 ans, a été tué le 9 mai lors d'une attaque de roquettes russes près de la ville assiégée de Bakhmout.
Une vague de sympathie et de messages de condoléances a afflué mercredi 10 mai après l'annonce la veille de la mort du journaliste de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, des hommages saluant son « courage » et son « talent » pour raconter le pire conflit militaire en Europe depuis 1945.
La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a rendu hommage à Arman à l'issue du Conseil des ministres, mettant en avant son « courage » et de façon générale « le travail fait » par les journalistes en Ukraine « pour que nous connaissions la réalité des faits ». « Arman était un journaliste talentueux et courageux », a réagi le Premier ministre britannique Rishi Sunak par la voix de son porte-parole, estimant que son travail avait été « vital » pour « faire la lumière dans les ténèbres de cette guerre ». « Merci pour son courage », a indiqué de son côté le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandre Tkachenko.
Arman Soldin, 32 ans, coordinateur vidéo de l'AFP en Ukraine, a été tué mardi 9 mai après-midi lors d'une attaque de roquettes russes dans l'Est de l'Ukraine, près de la ville assiégée de Bakhmout.
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Pavlo Kirilenko, le gouverneur de la région de Donetsk où le journaliste est décédé, a lui dit le 10 mai « remercier tous ceux qui, au péril de leur vie, continuent de dire la vérité » sur la guerre avec la Russie. « Nous sommes tous sous le choc », a souligné Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP. « Arman était aimé par tous ses collègues » et « sa perte (...) est incroyablement douloureuse pour nous tous », a-t-il ajouté. La directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay a, elle, appelé à « une enquête pour identifier les circonstances de sa mort ».
Arman Soldin faisait partie d'une équipe de cinq reporters de l'AFP qui accompagnaient des soldats ukrainiens, dans une localité située près de Bakhmout, l'épicentre des combats depuis des mois, et visée quotidiennement par les forces russes. Il a été touché par une salve de roquettes Grad qui l'a atteint alors qu'il s'était couché au sol pour tenter de se protéger.
Arman, de nationalité française, était « dédié à sa profession », a loué Denis Becirovic, membre bosniaque de la présidence tripartite en Bosnie, son pays de naissance. « (Sa) mort est un rappel douloureux du danger menaçant les journalistes (...) dans les zones de conflit militaires », a-t-il ajouté dans un communiqué. De son côté, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s'est dit « peiné », tout en demandant à éclaircir les « circonstances de la mort » du journaliste.
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Outre les messages de condoléances envoyés par de nombreux médias français et internationaux à l'Agence France-Presse, les hommages à Arman avaient afflué dès l'annonce de sa mort le 9 mai en début de soirée. Le président français Emmanuel Macron avait rapidement salué « le courage » d'Arman qui s'était rendu « dès les premières heures du conflit » en Ukraine « pour établir les faits. Pour nous informer ».
Peu après, le ministère ukrainien de la Défense a loué un journaliste qui voulait « rendre compte de la vérité au monde », tandis que la Maison Blanche a affirmé que « le monde a une dette envers Arman ».
Journaliste reporter d'images expérimenté précédemment en poste à Londres, Arman Soldin était le coordinateur vidéo en Ukraine depuis septembre 2022 et se rendait régulièrement sur le front. Recruté à Rome en 2015 en tant que stagiaire avant de rejoindre le bureau de Londres la même année, Arman était né à Sarajevo avant d'être évacué en France en 1992 au début du siège de la ville. Il parlait couramment français, anglais et italien. Il était apprécié de ses collègues pour sa bonne humeur, son enthousiasme au quotidien et son professionnalisme.
Quand la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022, Arman s'est porté volontaire pour faire partie des premiers envoyés spéciaux de l'AFP. Il est au moins le onzième reporter, fixer ou chauffeur de journalistes a avoir été tué en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, selon un décompte des ONG spécialisées RSF et CPJ.