AUDIOVISUEL

Spécialisée dans l’archivage physique et numérique des productions audiovisuelles, la société américaine Imes vient d’ouvrir un nouvel entrepôt à Pantin, que Stratégies a visité.

C’est une zone d’entrepôts logistiques, royaume des camions et autres véhicules roulants, comme il en existe tant d’autres, et pas si loin des Magasins généraux de BETC, à Pantin. Au bâtiment n° 15, la société Imes (Iron Mountain Entertainment Services) a pris, en mars, ses nouveaux quartiers, succédant dans les lieux au groupe Carrefour. Cette société d’origine américaine (200 collaborateurs au global, avec une présence aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni) est spécialisée dans la conservation physique et numérique des médias et autres contenus.

Ses clients, quelque 200 en France à l’heure actuelle, sont les acteurs de l’audiovisuel, producteurs, diffuseurs, distributeurs. Son portefeuille compte des studios de cinéma, des sociétés de production, y compris de publicité, des médias, tels que Canal+ ou aux Etats-Unis HBO ou Discovery. Pour Canal+, « nous accompagnons le groupe dans la conservation et le projet de numérisation de l’ensemble de son patrimoine audiovisuel », illustre David Forest, directeur général. Un lointain cousin de l’INA, en somme. « L’INA a une vocation de service public. Il conserve des éléments patrimoniaux forts, des bobines nitrate anciennes présentant des risques d’incendie, des chefs d’œuvre du cinéma français », précise le dirigeant.  

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A l’intérieur, les bureaux sont, ce matin du 30 mars, encore vides et tout neufs, fruits de « 16 à 18 mois de travaux » dans le bâtiment. Les équipes françaises (23 salariés, incluant les opérationnels) travaillent encore dans les anciens locaux, notamment au siège tricolore dans le XXe arrondissement de Paris, ou à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Il s’agit ici du deuxième site de la société dans l’Hexagone, choisi dans une optique de regroupement, et qui surtout s’inscrit dans une dynamique de développement sur le territoire français.

« La France est un petit marché pour l’entreprise, quoique ambitieux et en croissance. Notre intégration réelle au groupe, qui existe depuis plus de vingt ans, s’est produite il y a deux ans, quand nous avons changé de nom, notre projet a démarré à ce moment-là en cohérence avec la stratégie du groupe », témoigne le directeur général. En 2020 a été lancé un programme d’investissement pour apporter en France l’intégralité des services proposés aux Etats-Unis. Même si le covid a, alors, ralenti le projet, les ambitions sont bien là.

Diversification

Protégés par de nombreux dispositifs de sécurité, les entrepôts à proprement parler sont, eux aussi, encore majoritairement vides. De premières caisses sont toutefois disposées dans de hautes étagères classiquement disposées en très longues rangées, dans des zones partagées ou bien privées, aménagées pour les clients qui souhaitent que leurs contenus soient gardés à part. Isolation, température (basse), degré d’humidité : ici, tout est orchestré pour que les documents soient conservés au mieux. Si l’on pouvait examiner ce que contiennent ces caisses, on y trouverait VHS, MiniDiscs, CD, DVD, microfilms, etc., aussi bien des copies que des originaux. Au total, le nouvel entrepôt permet d’augmenter la capacité initiale de conservation de 30 %.

Au-delà de ce service, Imes a progressivement diversifié son offre. Si l’entreprise s’occupe de la partie transport et logistique (elle se déplace chez ses clients), analyse les archives, les catalogue, les convertit le cas échéant, elle propose aussi la numérisation et la conservation numérique ainsi qu’une batterie de services (encodage, resynchronisation texte-image…), qui ne vont pas toutefois jusqu’à la gestion de droits. « Nous travaillons à une solution pour gérer les NFT », complète David Forest. Si l’essor annoncé du métavers semble synonyme pour elle d’un nouveau marché potentiel, elle ne regarde pas dans cette direction.

Les locaux ont été inaugurés le 16 mars. 2023 sera marquée par plusieurs priorités, à savoir peaufiner la partie opérationnelle et développer la stratégie commerciale, en nouant, par exemple, des discussions avec des entreprises déjà clientes aux Etats-Unis. « Nous cherchons à grandir dans l’univers de la musique, secteur jusqu’alors minoritaire, et aussi du sport, en adressant les fédérations sportives », complète le dirigeant.  

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