Justice

L'affaire, qui avait suscité un scandale dans la profession début 2019 et qui avait entraîné le licenciement de certaines des personnes mis en cause, a été classée pour «infraction insuffisamment caractérisée».

Un tollé médiatique, puis une enquête classée sans suite : le parquet de Paris a clos sans poursuites en février 2022 son enquête sur des soupçons de cyber-harcèlement du groupe Facebook la Ligue du LOL, repère de journalistes et communicants au début des années 2010. Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP l'information apprise de source proche du dossier sur ce classement pour «infraction insuffisamment caractérisée» de ce dossier qui avait suscité un scandale dans la profession début 2019.

Suite à une enquête du site Checknews de Libération, de nombreux internautes avaient accusé plusieurs ex-membres du groupe Facebook, essentiellement des journalistes et des communicants, et d'autres personnes extérieures, de les avoir harcelés sur internet au tournant des années 2010, ou d'avoir, par leurs critiques publiques, lancé des «meutes» numériques contre eux. Etaient alors dénoncés montages photo ou vidéo injurieux, insultes anonymes, «enregistrements sarcastiques», tous attribués alors au groupe.

Face au tollé provoqué par l'affaire, certains des mis en cause, dont les noms avaient été dévoilés publiquement, avaient rapidement publié des excuses, regrettées a posteriori par certains. «On était prêts à tout pour que ça s'arrête», avait expliqué à l'AFP l'une des membres de cette «ligue» qui comprenait des hommes et des femmes. D'autres avaient aussi plaidé l'existence d'une parole plus débridée sur internet au début des années 2010.

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Sur le plan pénal, SOS Racisme avait saisi la justice, imité quelques semaines plus tard par l'association Prenons la une, qui milite pour l'égalité femmes-hommes dans les rédactions. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête en mars 2019, confiée à la Brigade de répression de la délinquance de proximité (BRDP).

Selon une source proche du dossier, l'affaire a abouti à l'audition par la police à l'été 2021, sous le statut de suspect libre, d'un mis en cause, visé par une double plainte pour des tweets récents. L'intéressé, membre du groupe litigieux «pendant à peine trois mois en 2010» et dont le nom n'a pas été évoqué en 2019, n'a pas souhaité commenter.

Deux autres potentiels mis en cause ont été identifiés au cours de l'enquête mais les faits les concernant étaient prescrits, a précisé la source proche du dossier. D'autres personnes s'estimant victimes de ce cyberharcèlement avaient renoncé à des plaintes par peur de représailles en ligne, avait indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

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L'écho de cette affaire avait entraîné le licenciement de certaines des personnes mis en cause. Depuis, Libération et Les Inrocks ont été condamnés par le conseil des prud'hommes de Paris pour le licenciement de deux de leurs journalistes. Le quotidien a fait appel. Alexandre Hervaud, un autre journaliste de Libération écarté, a lui été débouté aux prud'hommes. Il a fait appel.

«Cette information n'est pas une surprise et montre bien qu'après une longue enquête de trois ans, le récit médiatique d'un groupe harceleur ne tenait pas», a réagi l'intéressé. «Cet événement dévastateur a ruiné des dizaines de vies avec licenciements, tentatives de suicide et dépression. Ces personnes en souffrent encore aujourd'hui», selon lui.

«C'était supposément le #MeToo du journalisme, et aujourd'hui personne ou presque ne souhaite en parler», a affirmé un autre mis en cause, préférant garder l'anonymat. «On a mis tout le monde dans le même sac dans cette affaire qui ne reposait pas sur grand chose», selon lui.

Au-delà du cas précis, l'affaire avait provoqué un important débat sur le sexisme dans le milieu journalistique. Des affaires de harcèlement ou de sexisme avaient éclaté à franceinfo, Vice, Télérama, au Monde ou au Huffington Post. Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, avait évoqué la possibilité d'étudier l'allongement des délais de prescription en la matière, tandis que Mounir Mahjoubi, à l'époque secrétaire d'Etat au numérique, avait évoqué une «histoire de losers, des mecs qui se gargarisaient de pouvoir se moquer d'autres personnes».

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