L’ex-agente d’influenceurs était jugée pour banqueroute lorsqu’elle était courtière en assurances. L’affaire concerne la société Ba & Co, placée en liquidation judiciaire en 2015, avec un passif estimé à près de 2,5 millions d’euros, dont elle était la gérante de fait selon l’accusation.
Magali Berdah a été relaxée lundi 25 novembre par le tribunal correctionnel de Nice dans une affaire de banqueroute lorsqu’elle était courtière en assurances il y a une dizaine d’années, avant de devenir la « papesse des influenceurs ». Lors du procès fin septembre, le parquet avait pourtant requis contre cette figure des réseaux sociaux 18 mois de prison dont six fermes, ainsi qu’une interdiction définitive de gérer une société. L’affaire concerne la société de courtage BA & CO, créée en 2013 par une amie d’enfance de Magali Berdah, reprise en mars 2014 par la mère de cette dernière puis placée en liquidation judiciaire en 2015, avec un passif estimé à près de 2,5 millions d’euros.
L’enquête a révélé qu’entre 2014 et 2015, la comptabilité très floue de BA & CO indiquait un total de 80 000 euros prélevés en liquide sans justification, tandis que 600 000 euros avaient transité sur un compte ouvert au nom d’une secrétaire pour contourner un gel des avoirs. Prévu pour payer les salaires, ce compte présente aussi des dépenses de luxe (hôtels à Monaco, vêtements, chocolats…) inexpliquées, pour un montant total de 27 000 euros. Très combative à l’audience, l’accusée avait reconnu une certaine perméabilité entre ses finances personnelles et le compte de la secrétaire.
Sa mère condamnée à 18 mois de prison
En 2019, elle a été condamnée pour abus de faiblesse pour avoir emprunté ces fonds à un homme souffrant de la maladie d’Alzheimer, même si elle assure avoir tout remboursé, intérêts compris. Mais l’enquête sur la banqueroute de BA & CO n’a pas démontré qu’elle était la gérante de fait de la société, comme l’affirmait l’accusation. Ainsi, les policiers n’ont pas établi qui avait procuration sur le compte de la secrétaire, et n’ont pas non plus versé au dossier les 63 chèques émis depuis ce compte sur lesquels ils ont écrit avoir reconnu la signature de Magali Berdah.
« Un dossier pénal, ce sont des faits et du droit. Là, on voulait une personne. On voulait Magali Berdah. Peut-être parce qu’on s’est dit qu’elle était solvable, peut-être parce que quelque part, c’était un trophée. Le tribunal a remis les pendules à l’heure », a réagi son avocat, Me Franck De Vita. Seule sa mère, gérante de droit à la fin de BA & CO et à ce titre déjà condamnée par le tribunal correctionnel à rembourser plus de deux millions d’euros, a été condamnée à 18 mois de prison avec sursis.
Magali Berdah a accédé à la notoriété à partir de 2017, avec la création de Shauna Events, une agence spécialisée dans la mise en relation entre les marques et les influenceurs. Son activité a été mise à mal en 2022, quand le rappeur Booba l’a accusée de pratiques commerciales trompeuses. L’enquête contre elle a été classée sans suite, tandis que Booba a été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé et que 28 internautes harceleurs ont été condamnés en mars. Si Shauna Events est actuellement en difficulté, Magali Berdah, 42 ans, a récemment annoncé le lancement d’une agence internationale sur le même modèle.