Fun Radio devra verser plus de 10 millions d'euros de dommages et intérêts pour «concurrence déloyale» après que son animateur Bruno Guillon avait appelé les auditeurs à multiplier les citations de la station auprès de Médiamétrie. Retour sur une affaire qui remonte à 2015-2016 et dont le dénouement se fait attendre.
Fun Radio a été condamnée à plus de 10,3 millions d'euros de dommages et intérêts pour « concurrence déloyale » après avoir appelé ses auditeurs à tordre les chiffres d'audience, ont annoncé plaignants et condamnés.
L'affaire, jugée lundi 23 janvier par le tribunal de commerce de Paris, remonte à 2015 et 2016. Après un record historique d'audience selon Médiamétrie pour Fun Radio au premier trimestre 2016 (7,5%, +0,8 point), sa concurrente NRJ était allée en justice pour dénoncer une pratique frauduleuse.
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Elle consistait pour l'animateur vedette de la station, Bruno Guillon, à inciter les auditeurs à répondre qu'ils écoutaient Fun Radio toute la journée quand ils étaient contactés par un sondeur. « Prenez dix minutes. Pourquoi? Parce que cette personne va vous poser des questions : quelle radio vous avez écoutée hier matin? Vous dites Fun Radio. Hop! Et après, en rentrant du travail, quelle radio vous avez écoutée? J'écoutais Fun Radio. Et en vous couchant? J'écoutais Fun Radio », expliquait-il par exemple.
Ces messages « avaient permis à Fun Radio d'augmenter artificiellement ses audiences, ce qui avait eu pour effet d'augmenter ses revenus au détriment des radios du groupe NRJ en particulier », a souligné NRJ dans un communiqué lundi 23 janvier au soir.
Fun Radio, qui appartenait à RTL à l'époque et aujourd'hui au groupe M6, a estimé qu'il n'y avait pas fraude. Ces messages ont « été prononcés sans aucune intention de manipuler les résultats d'audience, dans le sillage d'une pratique de marché qui était largement répandue sur le marché de la radio à l'époque des faits », selon Fun Radio.
La station fait valoir un non-lieu rendu dans la procédure pénale lancée après une plainte de NRJ. En mars 2022, relève Fun Radio, le juge d'instruction avait conclu que ces messages « prononcés sur un ton humoristique et spontané » ne tombaient pas sous le coup de la loi. Après enquête, Médiamétrie avait corrigé les mesures du premier trimestre 2016, et n'avait pas inclus Fun Radio dans celle du deuxième trimestre.
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