Médias

En reconduisant Marie-Christine Saragosse à la tête de France Médias Monde, l’Arcom a fait le choix de « la compétence et l’expérience ». À elle d’imposer désormais ses priorités.

Marie-Christine Saragosse ne peut être que rassurée par l’idée d’un financement pérenne via la TVA, annoncée par la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Pour son troisième mandat à la tête de France Médias Monde (FMM), elle pointe dans son projet stratégique la difficulté d’un budget soumis aux aléas de la loi de finances. Difficile de renouveler une fréquence FM de RFI à Berlin, par exemple, si la dépendance à l’exécutif est patente. Et basculer d’un statut de « chaînes de service public » pour France 24 ou RFI à celui « chaînes gouvernementales » n’est pas sans risque. « En termes de crédibilité pour lutter contre les infox et autres manipulations de l’information, ce ne serait pas très porteur », écrit-elle. Le Mali, comme le Burkina Faso, n’a-t-il pas interdit les médias de FMM en faisant un parallèle avec l’arrêt de RT en Europe, chaîne affiliée à l’État russe ?

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Après dix ans d’exercice, la PDG a donné devant les sages les grandes lignes de son futur mandat dont les priorités seront précisées dans un nouveau contrat d’objectifs et de moyens. Il s’agit d’abord de conforter une information fiable, libre et indépendante. Pour cela, la dirigeante peut compter sur une petite hausse budgétaire en 2023 (+ 3,5%), à 284,7 millions d’euros, essentiellement dédiée à compenser la taxe sur les salaires après la fin de la redevance. Cette hausse, qui rompt avec 22 millions d’euros d’économies réalisées (8%), est la bienvenue pour adapter les services supports et les environnements numériques.

La PDG veut renforcer ses effectifs en ce sens alors qu’un plan de départs volontaires a atteint ses limites. Le développement devra compter sur des ressources extérieures, à travers la pub et des recettes propres (5,1% des ressources contre 3,3% il y a cinq ans) mais aussi en sollicitant les 20 millions d’euros d’aide publique au développement, qui est censée lui revenir via l’Agence française de développement.

Avec « une quarantaine de millions sur cinq ans », sont prévus un décrochage en Afrique de France 24, depuis le studio de Dakar, une extension des langues africaines au lingala après le fulfulde et le mandingue, une offre digitale sur le Maghreb mais aussi le format vidéo ENTR au profit des jeunes Africains (les Européens bénéficiant de nouvelles langues). En termes d’implantation, le groupe a déjà consolidé sa présence à Bucarest en créant une rédaction en ukrainien et russe, qui pourrait s’élargir au turc. Et un « campus » à Beyrouth pourrait former des journalistes arabophones avec CFI. « Il faut s’enraciner, on ne dit pas la même chose quand on est au milieu de l’univers culturel de nos publics », souligne Marie-Christine Saragosse.

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Il s’agit aussi « d’être à la hauteur de l’urgence écologique » avec des émissions ou un plan de formation, de renforcer les vidéos de France 24 avec des sous titrages via l’IA, et bien sûr jouer les synergies sur les plateformes numériques du service public. Enfin, Marie-Christine Saragosse s’est engagée à assurer un « dialogue social actif » alors que les rédactions de France 24 comme de RFI ont voté des motions de défiance en 2021 et 2022 contre leur direction. « Cultiver la confiance dans un monde de défiance » : c’est justement le titre de son projet stratégique.

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