Lancée en 2003 pour résoudre de graves problèmes de sécurité, la réhabilitation de 90 000 m2 de la Maison de la Radio et de la Musique enfin achevée fait la part belle à l’excellence jusque dans l’accueil du public.
Le plus célèbre bureau en bois de palissandre de France, attaché à la présidence, une tapisserie monumentale signée Pierre Soulages, un auditorium de 1 461 places qui accueille plus de 200 concerts par an et dont aucun spectateur n’est à plus de 17 m de la scène avec un temps de réverbération du son de 1,9 seconde. Le tout, niché dans un bâtiment inscrit aux monuments historiques, inauguré par le Général de Gaulle en 1963 et qui accueille 3 000 collaborateurs au quotidien pour assurer la production et la diffusion de 7 antennes de radios. Quel autre chantier peut se targuer de conjuguer luxe, activité et créativité ?
C’est en 2003 que le projet de réhabilitation de la Maison de la Radio et de la Musique, ou « Maison ronde », est lancé à la suite de la menace de la Préfecture de police de Paris de fermer les parties du site qui présentent de graves problèmes de résistance en cas d’incendie. Le vaste projet de réhabilitation doit durer six ans. Il a fallu attendre ces derniers jours pour que la commission de sécurité de la Préfecture de police émette un avis favorable sur l’exploitation des derniers espaces livrés. Soit avec huit ans de retard.
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La présidente de Radio France, Sibyle Veil, a acté la fin de cet interminable chantier dans sa campagne de réélection. En dépit d’un impératif délicat : réaliser ces travaux en site occupé. Elle a même livré l’ensemble à 493 millions d’euros hors taxes au lieu des 510 millions d’euros envisagés en 2018, lorsqu’elle était directrice déléguée.
Reste que la première facture prévue par l’inspection des finances en 2004 était de 262 millions d’euros. Au fur et à mesure des travaux, des interventions se sont révélées nécessaires et croissantes au fil du temps, assure Sidonie Guénin, directrice de la réhabilitation du bâtiment, ce qui n’a pas pu être anticipé par des sondages. La présence d’amiante, notamment, a été avérée dans tout le bâtiment. Mais la trajectoire de 2018 a été optimisée. « Avec la centaine de sociétés qui travaille pour nous, nous avons passé des avenants pour remettre à plat les relations contractuelles, toiletter les contrats et être réaliste sur le calendrier », explique Sidonie Guénin. Pour faire face au mécontentement des salariés, usés par les nuisances sonores et déménagements successifs, la directrice a mis en place un comité mensuel des référents qui rendait compte du calendrier prévu. « Nous avons essayé d’être plus en transparents. C’est une chance d’avoir réussi à faire de cette réhabilitation un projet d’entreprise ».
Après une addition salée et des grincements de dents, la Maison ronde peut s’enorgueillir d’inviter plus de 1 000 artistes chaque année dans l’auditorium et le studio 104, devant un public qui dépasse les 2 300 personnes par événement, de 50 studios d’antenne et de production entièrement refaits et numériquement au top. Mais l’entreprise compte encore rénover quatorze studios de création dont deux pour les répétitions des Orchestre national de France et Orchestre philharmonique, deux studios de bruitage de 100 m2 et 200 m2 et cinq studios ouverts au public. L’ambition ? « Faire de Radio France une BBC à la française orientée vers le son », assure Sidonie Guénin. En avant la musique.
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