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La directrice générale et le P.-D.G. du groupe Les Échos - Le Parisien nous dressent le bilan de l’année 2021du groupe média de LVMH et nous confient leurs projets pour 2022.

2021 aura-t-elle été une année de performances pour votre groupe Les Échos - Le Parisien qui compte aussi Investir, Radio Classique, Mezzo ou Connaissance des Arts ?

Pierre Louette. C’est une année de redressement et même de succès. Elle succède à une année 2020 très difficile avec la disparition de la pub et de l’événementiel en quelques jours (avec Vivatech notamment N.D.L.R.). Nous avons sur performé en pub. Cette année valide notre stratégie, celle d’être un acteur de référence qui rencontre son public dans chacun de nos secteurs : l’information générale avec Le Parisien, économique et financière avec Les Échos, Investir, la musique avec Radio Classique, Mezzo (avec Canal +) , Medici.tv et les arts avec Connaissance des Arts, Citadelles & Mazenod.

Comment se répartit votre chiffre d’affaires ?

P.L. 50 % repose sur le pôle monétisation avec à parts égales la pub et la diversification. Et 50 % sur la diffusion et la vente de contenus.

Quelles sont vos priorités 2022 ?

P.L. Réussir la transition numérique. Le digital représente 35 % de notre chiffre d’affaires en 2021 contre 30 % en 2019. Nous investissons dans la refonte de nos sites, applications et plateformes. Nous avons repensé le site des Échos et celui du Parisien, avec l’achat pour ce dernier de la solution Arc Publishing du Washington Post. Nous publions désormais 400 articles par semaine sur le Paywall contre 50 auparavant. Nous nous attelons actuellement à leurs applications, comme à celles des Échos Start et de Investir.

Quels sont les résultats pour Les Échos ?

P.L. Depuis dix ans, sa diffusion ne cesse de progresser et il signe encore en 2021 une année record, comme Investir d’ailleurs. 50 % des revenus des Échos sont désormais issus du numérique, entre abonnements (70 000 ex. soit 69 % de la diffusion individuelle payée versus 51 % en 2019) et publicité.

Et concernant Le Parisien ?

P.L. Ses revenus numériques représentent 25 % du chiffre d’affaires contre 6 % en 2015. La diffusion globale du titre a augmenté depuis douze mois en dépit de la baisse structurelle du print. Nous avons désormais 51 000 abonnés numériques, contre une prévision de 45 000, soit une multiplication par 6 du portefeuille en trois ans. Pour ajuster nos productions aux appétences du public sur le numérique, une centaine de journalistes sur une rédaction de 400 ont bénéficié de mobilité interne. Nous avons renforcé les formats longs, les enquêtes. Et nos délais d’affichage sont parmi les meilleurs du marché.

Et côté pub, quels sont vos résultats ?

Corinne Mrejen. Nous sommes en train de récolter notre stratégie de décloisonnement de monétisation initiée en 2019. Nous proposons des formules hybrides avec tous les leviers à notre disposition : médiatisation de contenu, data et expériences événementielles. Notre pôle Partenaires est en progression de +20 % en 2021 et affiche un chiffre d’affaires supérieur à 2019. 50 % du chiffre d’affaires du pôle Partenaires est adossé au numérique contre 25 % il y a 3 ans. Concernant la pub, 25 % de notre chiffre d’affaires provient du digital. Et 20 % du chiffre d’affaires de la pub repose sur une communication autour de l’impact, de la transition sociale et sociétale.

Avez-vous fait évoluer le profil de vos équipes ?

C.M. Oui. Aujourd’hui, 50 % de nos équipes ne sont pas des commerciaux. Ce sont des développeurs, des producteurs de contenus, des créatifs, des designers. Et même nos commerciaux sont aujourd’hui des consultants qui prodiguent du conseil.

Comment répondez-vous à la demande des marques ?

C.M. Nous avons déjà lancé trois initiatives en 2021. D’abord l’association au label de publicité solidaire Gooded, qui permet de générer à chaque visionnage d’une publicité vidéo des bénéfices pour un projet solidaire choisi par l’annonceur. Ensuite la création de six segments de données baptisés « Citoyens du mieux » pour adresser plus justement les audiences du Parisien. Et la reprise en main de nos inventaires numériques sur les Vidéo In-Article de L’Équipe, Le Parisien et Les Échos.

Allez-vous lancer d’autres initiatives en 2022 ?

C.M. Dès février, nous offrirons à six start-up « à impact » un espace publicitaire représentant 6 % du chiffre d’affaires généré par les campagnes responsables diffusées sur nos supports. D’autre part, nous sanctuarisons des emplacements sur le numérique pour des campagnes responsables. Et pour le print, nous avons créé un repère graphique « Horizon responsable » pour mettre en valeur ces campagnes.

Le Sénat auditionne actuellement les milliardaires propriétaires de médias comme Bernard Arnault ou Vincent Bolloré. Comprenez-vous que la question de la concentration des médias soit un enjeu démocratique ?

P. L. Oui, mais on ne peut éluder la question de la disparition des médias. Qui aurait pu financer la transition numérique des quinze dernières années si ce n’est ces grands groupes ? Ces investissements sont aussi tout à leur honneur. Imaginer que tout pourrait reposer sur le financement participatif est une vue de l’esprit dérisoire voire ridicule. Nous avons la chance d’avoir un actionnaire qui est aussi un entrepreneur, qui veut créer et développer des titres et leur donner le temps de le faire.

Et comment garantir l’indépendance des rédactions face aux intérêts de leurs actionnaires ?

C’est l’épreuve des faits… et les rédactions prouvent chaque jour leur indépendance. Certaines ont des chartes comme c’est le cas aux Échos.

Des chaînes vont être à vendre si la fusion TF1 et M6 a lieu. Vous porterez-vous acquéreur ?

P.L. Nous avons examiné le dossier mais aucune de ces chaînes ne représente un complément indiqué à notre groupe. En revanche, nous développons nos contenus, nos catalogues et nos droits en musique, en art et même au Parisien où nous œuvrons maintenant dans le domaine de la production télé via StudioFact. À côté du chaud, nous voulons avoir un catalogue patrimonial de contenus.

Pour la première fois depuis votre arrivée, dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires, une prime de plusieurs centaines d’euros va être perçue par les salariés…

P.L. Après une politique d’austérité assez raide, nos performances permettent de redistribuer de l’argent. Tant mieux.

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