CMI France ressuscite le magazine iconique des années 1980, City Magazine, aimé des esthètes citadins et globe-trotters. Lydia Bacrie, la directrice de la rédaction, nous détaille son projet.
Comment l’idée de relancer City Magazine a-t-elle émergé ?
LYDIA BACRIE. Un peu par hasard. Le magazine avait été lancé par Édouard De Andreis, cocréateur des éditions Rivages, [père de Raphaël De Andreis, président d'Havas Village], qui ont révélé Alison Lurie et David Lodge en France. J’étais une fidèle du magazine qui a cessé de paraître après sa mort en 1992, à l’âge de 50 ans. La licence était à vendre et j’en ai parlé à Valérie Salomon, qui dirige CMI France. Elle s’est montrée intéressée.
Pourquoi CMI France se lance dans cette aventure ?
C’est un groupe innovant, attaché à l’idée d’être un laboratoire de création en proposant de nouvelles offres aux lecteurs. Ils ont racheté Usbek & Rica, lancé Franc Tireur. City Magazine est la première brique de son développement à l’international.
Quelle est la ligne éditoriale de ce magazine ?
Il s’adresse à des gens non ethnocentrés, attachés à la vitalité et à l’effervescence des villes. C’est une fenêtre ouverte sur le monde. Nous voulons célébrer ces lieux de pensée, d’opinion, de culture, de politique, de création, de rêve et d’épicurisme où l’on fait société et où l’on vit ensemble. Il y aura tout cela dans le journal à travers la culture, l’architecture, le design, la nourriture, le voyage.
Le magazine aura-t-il d’autres déclinaisons ?
Oui, avec des hors-séries dédiés à des villes et un Instagram puissant, notamment dans sa partie prescriptive, avec les bonnes adresses du journaliste gastronomique François-Régis Gaudry, notamment.
Qui ciblez-vous ?
Des gens cultivés, cosmopolites, épicuriens et qui ont l’habitude de voyager, francophones et anglophones, puisque chaque article est écrit dans les deux langues. Le premier numéro sortira le 3 novembre et sera tiré à 80 000 exemplaires. Il sera en vente en kiosques, dans les librairies et lieux de culture (musées…) en France et à Londres, New York, Milan, Los Angeles, Tel-Aviv et Tokyo.
Est-ce un magazine féminin ?
J’ai dirigé L’Express Style et j’ai eu l’habitude d’être adossée à un magazine masculin. J’ai pensé City Magazine avec une mixité naturelle car les journaux aujourd’hui répondent plus à des désirs de lecteurs dans un esprit de communautés, qu’à des genres. Nous avons 20 pages de pub pour ce premier numéro, avec des annonceurs luxe mais nous allons l’élargir ce portefeuille à la mobilité, aux assurances, à l’auto, à la banque et au tourisme.
À l’heure du bilan carbone et des possibles restrictions de voyages liés au covid, votre pari est risqué…
Nous proposons une culture de la ville et une ouverture inspirante sur elle. La ville est une matrice sans fin. Et l’on peut voyager, simplement en lisant les articles du premier numéro sur Amanda Gorman, la poétesse révélée lors de l’investiture de Joe Biden, l’interview du cinéaste James Gray, ce petit-fils d’émigrés ukrainiens, qui n’a jamais quitté le Queens et nous raconte New York, ou en découvrant le quartier de Florentine, à Tel-Aviv, sans pour autant s’y rendre.