Musique
Le 18 décembre, la nouvelle édition des Social Music Awards récompensera, en ligne, la création et la communication digitale de l’industrie musicale. A cette occasion, Florence Dupont, directrice générale adjointe de la plateforme Influence4You et membre du jury, nous parle de l’apport des réseaux sociaux auprès des artistes.

En dehors du streaming, l’industrie musicale a-t-elle connu un renouveau grâce aux réseaux sociaux ? Quel est l’apport de ces plateformes pour ce secteur ?

Tout a changé. C’est un peu comme un restaurant : s’ils sont tous sur Google Map et pas toi, forcément tu perds de la clientèle. Aujourd’hui, les artistes sont sur les réseaux et c’est une étape obligatoire. Pour certains, ce n’est pas une réelle partie de plaisir, comme pour Johan Papaconstantino. Il me semble que ce n’est pas un grand mordu des réseaux sociaux. Pour quelqu’un comme lui, qui ne publie pas tous les jours, l’utilisation de ces outils peut être une corvée et il peut se retrouver à la traine.

Après, pour les autres artistes, ces plateformes sont exceptionnelles. Beaucoup adorent cela et prennent énormément de plaisir dessus. Contrairement à ce qui était fait auparavant, les artistes utilisent les réseaux sociaux d’une façon très moderne aujourd’hui. Il y a de réelles stratégies, comme Julien Doré, qui utilise l’ASMR. Ce sont des influences bien ficelées. Certains talents ne pourraient pas être connus sans ces plateformes. Un artiste qui ne connait personne dans les grandes villes et qui vit en campagne, il lui suffit d’un smartphone et d’une connexion wifi pour tenter le coup. Wejdene en est l’exemple parfait.

Que représentent les plateformes comme TikTok ou encore Snapchat dans la carrière des artistes ?

Aujourd’hui, les jeunes ne regardent plus la télévision et passent la majeure partie de leur temps sur TikTok. Les artistes sont donc obligés de passer par cet outil-là. Lorsqu’une plateforme prend de l’ampleur, c’est souvent pour les mêmes raisons : l’application précédente devient trop lisse, trop parfaite. Pour Instagram, par exemple, le réseau est tellement connu aujourd’hui que celui-ci devient très propre, très professionnel. Les photos paraissent sans défaut. TikTok, de son côté, est plus classique et permet aux artistes de se dévoiler encore plus. On est content de les suivre sur cette application. C’est un outil qui les aide à se rapprocher de leur communauté. Certains n’hésitent pas à lancer des défis, ce qui est une puissance de frappe importante. Dua Lipa illustre bien cela. En lançant son challenge #DuaVideo à sa communauté, sa chanson Levitating a été reprise 1,6 million de fois par les utilisateurs.

De quelles manières les artistes s'appuient-ils sur les réseaux sociaux pour développer leur carrière ?

Heureusement ou malheureusement, ils doivent faire les mêmes choses que les annonceurs pour exister, c’est un passage obligatoire. Cela peut d'ailleurs énerver certains artistes. Il faut être à l’affût des nouvelles tendances et utiliser toutes ces plateformes en s’imprégnant des codes, en créant du contenu et en se rapprochant des communautés. Généralement, ce sont des personnes extérieures qui gèrent cela et elles se tournent vers des plateformes comme la nôtre, Influence4You. Les réseaux sociaux, pour les jeunes artistes, permettent de se vendre d’une manière plus simple. Cela étant, ils doivent gérer l’essence même de leur succès et, pour ça, ils doivent créer. Cela laisse d’énormes possibilités, comme la production de clips avec de faibles moyens. C'est le cas par exemple d'Ed Nock avec son morceau Insomnia. Avec ces nouvelles plateformes, de plus en plus de créations et de tendances apparaissent.

Les réseaux sociaux ont-ils changé le rapport entre les artistes et les marques ?

Par moment, les artistes deviennent des ambassadeurs pour certaines marques. Plusieurs exemples par rapport à cela, Wejdene avec Shein, Angèle pour la campagne «Coco Beach» de Chanel, ou encore Lous and the Yakusa et The Body Shop, qui se sont associés pour promouvoir le self-love. C’est une stratégie marketing très puissante, il y a une vraie histoire à raconter. La fenêtre de tir est toutefois très mince pour savoir ce que l’artiste est prêt à accepter. Pour la marque, le fait d’utiliser un artiste comme ambassadeur est très pertinent mais il y a un risque, elle n’a pas le droit de se tromper dans le choix de son talent.

La crise sanitaire a-t-elle favorisé l’émergence de certains artistes sur les réseaux sociaux ?

Oui, c’est évident. Il y a eu un lien particulier avec la communauté puisque les festivals et concerts étaient à l’arrêt. Durant cette période d’épidémie, plus d'un se sont tournés vers la plateforme Twitch, avec des lives ou bien des concerts. On peut le voir notamment dans le documentaire de l’artiste belge Angèle sur Netflix.

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