Rétroscpective
Créée en 1986 et fermée en 1992, La Cinq a marqué de façon éphémère le paysage audiovisuel français. Patrice Duhamel, son ancien directeur de l'information, nous raconte cette aventure.

En termes d’information, La Cinq [créée en 1986 et fermée en 1992] a changé deux choses significatives dans le paysage audiovisuel. La première est la souplesse apportée à la grille en accord avec le directeur des programmes Pascal Josèphe pour pouvoir intervenir en cas d’actualité forte. Cela a été le cas pendant la première guerre du Golfe : des généraux venaient expliquer le conflit. Nous cassions l’antenne. Cela se faisait un peu moins sur les autres chaînes. Autre changement - initialement vu à CNN à Atlanta lors d’un voyage préparatoire -, la rédaction se situait au même endroit que le plateau du journal, dans l’immeuble du boulevard Pereire à Paris, pour faciliter cette réactivité et cette souplesse.

Cette capacité à la réactivité est une partie de l’héritage de la chaîne. Sans faire la révolution, nous avons proposé des journaux nouveaux, avec des journalistes connus comme Jean-Claude Bourret, Guillaume Durand, Gilles Schneider, Béatrice Schönberg. Il y a eu un mouvement. Côté rédaction, nous avions monté un système de pool avec des journalistes susceptibles de traiter de tout - la tradition était plutôt d’avoir des services dédiés. Les reporters étaient très jeunes, nous étions partis de rien, jusqu’à une centaine de cartes de presse. Mes souvenirs les plus marquants ? La fermeture de la chaîne en direct. C’était exceptionnel. Ce décompte, cet écran noir… Une fin d’une tristesse infinie. Mais je me souviens aussi du tout début. C’était excitant d’avoir travaillé pendant des mois pour cela. Des débuts professionnels, heureux, encourageants et des plus innovants.

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