Portrait
La journaliste férue de sport anime désormais la tranche 12h-15h sur RMC. Portrait d'Estelle Denis, une meneuse d'équipe qui manie les certitudes et l'inquiétude avec une dextérité qui déconcerte. Sûre d'elle et angoissée... sauf sur un plateau.

Tout chez elle n’est que contraste. Comme une juxtaposition d’ombres et de lumières. À commencer par son visage velouté qu'anime une gouaille de poulbot. Estelle Denis parle avec une assurance déconcertante. Du poker, qu’elle a pratiqué jusqu’aux championnats du monde à Las Vegas en 2009, des polars qu’elle dévore, de la Bretagne sauvage où elle a ancré son refuge familial. Comme si le doute ne la traversait pas. Juste des convictions, l’urgence de l’immédiateté, la parole qui fuse et dévore l’espace. Phobique du silence. Et pourtant, pendant tout l’entretien, avant chaque réponse, elle jette un regard paniqué à l’attachée de presse de RMC, restée dans la salle de réunion avec nous. En quête d'une réassurance avant de se lancer aussitôt dans le grand bain et un flot de paroles.

Biberonnée à la radio

Cette année, l’ancienne animatrice de Splash sur TF1, show paillette qui avait fait un flop, a plongé dans un bassin olympique. Trois heures de direct diffusé sur RMC et sur l’antenne testostéronée RMC Story. C’est Karim Nedjari, son homme du vendredi dans L’Équipe d’Estelle qu’elle présentait jusqu’à l’été sur L’Équipe TV qui l’a débauchée. Elle a hésité. « Ç'a été dur de quitter cette émission. Mais je me suis dit que c’était peut-être la dernière fois qu’on me faisait une telle proposition » reconnaît-elle. Elle s’était déjà dit cela en quittant M6 pour TF1. Elle avoue se le dire à chaque proposition. Le challenge la pique au vif. Là c’est la radio, un média auquel elle a été biberonnée par ses parents, piliers de France Inter, du Téléphone sonne d’Alain Bédouet au Masque et la plume de Jérôme Garcin. Elle cite aussi Philippe Aubert, Christophe Hondelatte, Eugène Saccomano. Jean-Jacques Bourdin, l’homme de RMC, arrive à la fin de la liste. Corporate mais pas trop. « Je n'avais jamais fait de radio. C’est agréable d‘apprendre des choses même après 22 ans de métier. J'aime ce média intime, me dire que l'on est dans la voiture des gens. Ils ne vous regardent pas, ils vous écoutent ». Hervé Beroud, ex-référence de RTL devenu DG d'Altice Média, l’a initiée aux bases : top horaire, citer les gens, traquer les blancs. Le reste, elle sait faire. « Mon job, c’est numéro 10, meneuse de jeu, c’est Zidane ». Elle aussi le fait avec mæstria, mettant modestement son indéniable talent sur le compte de sa capacité « d’écoute ».

Raconter les exploits

Cette fille d’un père gastro et d’une mère biologiste a compris, ado, qu’elle ne pourrait jamais être la championne de foot qu'elle rêvait d'être... Alors autant « raconter les exploits des autres, parce que j’aime raconter des histoires, je suis très bavarde », dit-elle. Et déterminée. Grâce à sa belle-fille, avec laquelle elle est en classe, elle décroche un stage à Radio France auprès de Jacques Chancel. Il l’embarque sur le Tour de France. Elle approche Jacques Vendroux, son idole. « Je l’ai harcelé pour avoir un stage d’une semaine, que j’ai fini par obtenir. Je suis capable de bloquer le téléphone de quelqu’un et de rappeler vingt fois, ça ne me pose pas de problème. » Cette niaque tape dans l’œil de Pierre Fraidenraich qui a cofondé la chaîne Infosport : « Il m’a confié Le journal des clubs. Je me trouvais nulle, il me disait : “c’est vrai, mais il y a quelque chose” », raconte-t-elle. Aujourd’hui cofondateur de B Smart TV, le patron se souvient : « Quand je l’ai connue, c’était une pépite qu’il fallait tailler pour la faire briller de mille éclats. C’est le travail qu’on a fait ensemble. Elle a une puissance créative et un capital sympathie qui déconcertent. Et elle allie intelligence, rigueur et spontanéité. Elle possède une musicalité et une puissance de narration peu communes, en s'exprimant avec peu de verbe. Elle a créé les punchlines en télé ». De 2005 à 2008, l’émission 100% foot sur M6 avec Pierre Ménès, Dominique Grimault et Thierry Roland, lui permet d’émerger, en exprimant son tropisme pour le sport et son talent de meneuse de bandes. Depuis, elle a papillonné entre les genres (info, politique, variété, spectacle, sport) et les chaînes (TF1, NT1, LCI , D8, L’Équipe) sans rien perdre de sa fraîcheur. Elle, la pudique, a même surmonté l'épisode de la demande en mariage en direct en 2008 de son compagnon et entraineur de l'équipe de France Raymond Domenech. Aguerrie, polie comme un galet, elle peut maintenant tout aborder en télé. « Dans la vie, je suis une angoissée de première. Mais je me soigne depuis trois ans en faisant une thérapie. Je ne me sens en sécurité que sur un plateau, un direct. Il ne peut rien m'y arriver ». Résolument contrastée.

Parcours

1998. Débuts à l'antenne à Infosport, puis Foot et prolongations sur TPS Star.

2004. Intègre Téléfoot sur TF1 et On refait le match sur RTL.

2005-2015. 100% Foot, talk-show avec Pierre Ménès, Dominique Grimault et Thierry Roland puis 100% Mag et Nouvelle star, ça continue avec Jérôme Anthony sur M6.

2013-2015. Après six ans sur M6, rejoint TF1 pour Splash : le grand plongeon et Samedi soir, on chante.

2015. Arrive sur C8 pour présenter Touche pas à mon sport.

2017-2021. Anime L’Équipe d’Estelle.

Septembre 2021. Rejoint RMC et RMC Story pour animer Estelle midi.

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