Étude
Le bilan annuel du CSA sur la représentation des femmes à la radio et à la télé montre que l’expertise est de plus en plus féminine, malgré la pandémie qui a mis en avant des professeurs de médecine.

« On avance, on avance, on avance … ». Le président du CSA, Roch-Olivier Maistre, a entonné un couplet d’Alain Souchon, le 4 mars, pour résumer l’état de la représentation des femmes dans les médias audiovisuels. Si cette avancée ne saute pas aux yeux, au regard de la proportion inchangée de femmes dans les radios et télés (41 %), plusieurs signes sont encourageants en 2020. D’abord, la part des expertes sur les antennes (41 % également) est en hausse de 3 points sur un an et de 11 points par rapport à 2016. Sur la justice, l’éducation, les sciences et techniques, elles sont même désormais plus présentes que les hommes. Ensuite, la progression se fait à des horaires clés : 40 % sur la tranche 18h-20h contre 33 % un an avant.

Quasi-parité à France Télévisions

Ces bons résultats sont « à porter au crédit du service public à la télévision et du secteur privé à la radio », selon le CSA. France Télévisions a annoncé, le 8 mars, avoir atteint la « quasi-parité en 2020 avec 49 % de femmes » et une part « égale » de présentatrices. France 2 compte ainsi 52 % d’expertes. De son côté, Radio France, qui s’est engagé à atteindre la parité en 2022, recule d’un point, avec 42 % de femmes. Les radios de service public font moins appel à des expertes (37 %) que les stations généralistes privées (42 %). La part de journalistes femmes est pourtant de 51 % à France Inter alors qu’elle n’est que de 13 % à RMC, le sport étant le parent pauvre de la féminisation des antennes.

Au global, le CSA chiffre à 43 % la part féminine à la TV (+1 point) alors qu’elle n’est que de 39 % en radio (-1 point). On compte 40 % de femmes journalistes et 47 % de présentatrices. Le temps de parole des femmes reste néanmoins significativement bas (35 %), ce qui veut dire qu’elles s’autorisent moins à s’exprimer à l’antenne ou qu’elles sont moins sollicitées. Franceinfo, par exemple, compte 45 % d’expertes pour un temps de parole décevant (28 %). BFMTV compte 30 % d’expertes, après un gain de huit points.

Chiffre alarmant pour la une

Le groupe TF1, de son côté, estime avoir « quasiment atteint la parité » (48%) pour ses experts labelisés « TF1 », mais il n’est encore qu’à 27 % pour les expertes de l’extérieur. Soit un taux de 37 % de femmes dans ses JT. Le rapport du CSA donne un chiffre plus alarmant pour la une : 13% d’expertes, soit une dégringolade par rapport à 2019 (50 %), à la mesure d’une expertise surtout masculine sur la pandémie. D’où le programme Expertes à la une qui vise à former et à promouvoir 15 professionnelles, de la médecin à la capitaine de gendarmerie … « La télé, c’est aussi un rôle de lucarne qui fait rêver et plein de petites filles qui se disent pourquoi pas moi », constate Gilles Pélisson, PDG de TF1.

Carole Bienaimé Besse, du CSA, observe que pendant le Covid « les femmes étaient aux avant-postes dans les hôpitaux mais, sur les antennes, en position de témoin, non d’autorité ». Roch-Olivier Maistre lui fait écho en rappelant que les médias ne peuvent « corriger à eux seuls la démographie médicale », les hommes ayant plus de directions à l’AP-HP. Comme pour la fiction, il s’agit de savoir s’il faut tordre un peu la réalité dans sa représentation pour mieux inciter à la féminisation.

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