Flashback
Libération, Le Point, TF1 et Europe 1 : ces quatre grandes marques médiatiques se sont fait un nom dans les années 1970. Retour sur leur naissance ou leur renaissance dans la décennie giscardienne.

Libé en col Mao

Fondé en février 1973 par Jean-Paul Sartre et Serge July notamment, Libération proclame : «Peuple, prends la parole et garde-là». Le journal devient quotidien en mai. Il refuse toute publicité, est dirigé par ses salariés tous payés au même prix. Il défend la lutte contre l'oppression et soutient l'extrême gauche jusqu'au mitan des années 70. Serge July en prend la direction après la démission de Jean-Paul Sartre en 1974. Ses ventes progressent mais peinent à atteindre les 50 000 ex. garantissant sa rentabilité. Plombé par la concurrence du Matin de Paris et un plan de licenciements, il est absent des kiosques du 21 février au 13 mai 1981, lors de la campagne et de l'élection de François Mitterrand, le 10 mai de cette année-là.  

 

Le Point sur la droite libérale

S'inspirant des newsmagazines anglosaxons comme le Time ou Newsweek, Le Point est créé par d'anciens journalistes de L'Express en 1972. Le journal est dirigé par Claude Imbert et Olivier Chevrillon. Il est soutenu financièrement par le groupe Hachette, dirigé par Simon Nora, ex-conseiller de Mendès France. La droite libérale y est à l'honneur, avec le jeune ministre des finances Valéry Giscard d'Estaing en une de l'un des premiers numéros. Mais point d'allégeance, le journal mettant l'homme politique «au banc d'essai». Il fonde son identité sur cette marque de fabrique, qui s'appuie sur des unes musclées, voire poil à gratter. L'hebdo recrute aussi de grandes plumes et fait la part belle aux éditorialistes. Rentable dès 1975, il devient rapidement le news le plus vendu en kiosques.

 

TF1, la première chaîne a un nom

C’est le 6 janvier 1975 que naît TF1 sur les cendres de l’ORTF, démantelée une semaine plus tôt, dont Télévision française 1 est la première chaîne. À l’antenne, la speakerine Denise Fabre donne le coup d’envoi de la chaîne à 12h30 avant de laisser la main à Danièle Gilbert avec Midi Première. Parmi les vedettes, Évelyne Dheliat, Évelyne Leclercq ou encore Jacques Martin. Côté information, Yves Mourousi présente TF1 Actualités 13 heures, Roger Gicquel –qui resta célèbre pour sa formule «La France a peur»– anime le 20 heures. La chaîne diffuse alors 60 heures de programmes par semaine alors que 70% des foyers sont équipés d’un téléviseur. C’est entre 1977 et 1978 que la chaîne réalise ses meilleurs scores, avec une part d’audience de 50,4%. Elle est privatisée en avril 1987.

 

Europe 1, Lagardère aux commandes

Créée en 1955 sous le nom d'Europe n°1, célèbre pour son émission Salut les copains comme pour avoir couvert Mai 68 depuis les barricades, la station de la rue François-1er (jusqu'en 2018) est intiment liée au groupe Lagardère. C'est en 1974 que Jean-Luc Lagardère en prend les commandes, après la démission de Maurice Siegel, accusé par le pouvoir giscardien d'avoir fait d'Europe 1 une radio qui «persifle». Celui-ci fait venir Étienne Mougeotte, futur vice-président de TF1. On y retrouve Jean-Claude Dassier, Guillaume Durand, Jean-François Kahn.. «Europe 1», comme on dit déjà, passe devant RTL et France Inter en 1976 pour être la grande radio d'info. En 1981, Étienne Mougeotte est écarté après l'élection de Mitterrand. Un autre Lagardère, Arnaud, fut président d'Europe 1 jusqu'en 2020. Un retrait avant la vente?

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