Salto ne pouvait espérer meilleur moment pour se lancer. Avec l’instauration d’un couvre-feu à 21 heures en Île-de-France et dans huit métropoles françaises à compter du 17 octobre, la plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), initiée par les groupes TF1, France Télévisions et M6, et accessible depuis le 20 octobre, devrait profiter ces prochaines semaines, comme les autres services audiovisuels, chaînes de télévision comprises, d’un bassin d’audience bien supérieur à la moyenne. Encore faut-il pour Salto marquer sa différence face à l’offre déjà foisonnante de SVOD, Netflix en tête.
Le meilleur des deux mondes
« Salto réunit télévision et streaming en un seul endroit, et propose un accès illimité au meilleur des deux mondes », résume Thomas Follin, son directeur général. Outre l’accès à une vingtaine de chaînes en live, le catalogue de la plateforme totalise 10 000 heures de programmes, dans des genres bien plus variés que les seuls cinéma et séries chers aux acteurs américains de la SVOD. Au catalogue, 800 documentaires, des dessins animés, de la téléréalité, des magazines, et même du sport.
Dans ce domaine, l’un des points différenciants de Salto est le preview, c’est-à-dire l’accès à des programmes avant leur diffusion télé. C’est le cas par exemple pour les feuilletons Demain nous appartient, Un si grand soleil et Plus belle la vie, dont deux épisodes chacun sont disponibles sur Salto 48 heures avant leur diffusion. Même chose pour L’Amour est dans le pré, Les Mystères de l’amour, Scènes de ménages… Pour des séries américaines comme Manifest ou Fargo, les épisodes sont en ligne 24 heures après leur diffusion aux États-Unis.
Plus que les séries américaines, c’est surtout sur la fiction française et européenne que mise beaucoup Salto. S’il faudra attendre 2021 pour voir arriver dans le catalogue des créations originales, la plateforme propose des séries inédites comme Ils étaient dix, librement adaptée du roman d’Agatha Christie et que M6 diffusera début 2021. Autres séries inédites mises en avant, C’est comme ça que je t’aime (Québec), Exit (Norvège), El Embarcadero (Espagne) ou encore Quiz (Royaume-Uni).
Les FAI, un accélérateur d'adoption
« La force de Salto, c’est ce positionnement sur la création française et européenne. Parmi les autres services de SVOD, aucun n’en a fait un axe majeur jusque-là », estime Philippe Bailly, président du cabinet NPA Conseil. En revanche, l’absence d’accord de distribution avec les fournisseurs d’accès à internet (FAI) peut poser problème à terme. « Pour les services de SVOD comme Netflix et Amazon, la distribution par les FAI a été un vrai accélérateur d’adoption », note le spécialiste.
Salto devra se contenter, au moins dans un premier temps, d’une distribution en OTT, en plus d’Apple TV et Android TV, moyennant 6,99, 9,99 ou 12,99 euros selon la formule choisie. Autre enjeu, faire connaître le service. Mais pas question d’utiliser les antennes de TF1, France Télévisions et M6 pour faire de la promotion croisée, l’Autorité de la concurrence l’a interdit. Salto, qui a fait appel à l'agence TBWA pour son lancement et à W pour sa plateforme de marque, devra acheter ses campagnes comme un annonceur classique. Sur ce point, pas de différence.