Séries suisses ou africaines, films canadiens ou français, mais aussi documentaires, concerts, podcasts... La chaîne internationale francophone TV5 Monde lance mercredi 9 septembre sa plateforme mondiale et gratuite de vidéos à la demande. Fruit de deux ans de travail, TV5MondePlus entend proposer d'ici à un an 5 000 heures de programmes francophones sous-titrés en cinq langues: anglais, espagnol, arabe, allemand et français, pour ceux qui souhaiteraient parfaire leur pratique de la langue de Molière.
À la différence d'une plateforme SVOD, TV5MondePlus sera gratuite et pourra diffuser de la publicité. Il suffira de s'inscrire pour accéder aux contenus. «On ne se positionne pas comme un concurrent aux plateformes américaines, on n'en a pas la prétention, ni les moyens, mais comme une alternative en français», a précisé à l'AFP le directeur général de TV5 Monde, Yves Bigot. «C'est la souveraineté francophone planétaire qui est en jeu, c'est le français dans l'univers numérique comme dans l'univers de la télévision», a insisté le dirigeant, également président de la fondation des Alliances françaises.
Négociations avec la Chine
Parmi les 3 000 heures de contenus déjà disponibles -traduites dans «80% des cas», la crise sanitaire ayant entraîné des retards- figurent moult programmes ou émissions déjà diffusés par les chaînes partenaires de TV5 Monde (France Télévisions, Radio-Canada, Télé-Québec, TV5 Québec Canada, RTS, RTBF) ou son réseau. Ainsi, les usagers pourront (re)découvrir l'intégralité de la série québécoise Unité 9 qui, comme la création de Netflix Orange is the New Black, se déroule dans l'univers carcéral féminin, ou encore la série suisse et belge Quartier des Banques, saga familiale sur fond de thriller financier.
Mais la plateforme a aussi vocation à accueillir des exclusivités, à l'instar de la série politique africaine Wara, coproduite à Saint-Louis du Sénégal et qui sera diffusée «beaucoup plus tard sur nos chaînes traditionnelles», selon Yves Bigot. Outre les séries et le cinéma, TV5MondePlus, «généraliste», proposera «des magazines, des talk-shows, du reportage» et des programmes de partenaires tels le Musée de l'Homme, le Collège de France ou le Centre culturel canadien à Paris. Elle sera accessible à l'adresse tv5mondeplus.com partout dans le monde sauf, pour l'heure, en Chine où des négociations sont en cours, et pas avant le second semestre 2021 aux États-Unis et aux Pays-Bas, en raison de questions contractuelles.
Le Canada, un soutien de poids
Par son ambition mondiale et sa gratuité, TV5 Monde Plus entend se distinguer du service de vidéos par abonnement (payant) Salto que s'apprêtent à lancer France Télévisions, TF1 et M6 cet automne. Le projet d'une plateforme francophone numérique mondiale, évoqué par Emmanuel Macron lors du sommet de la francophonie à Erevan (Arménie) en octobre 2018, a été «poussé» par le Canada qui a expérimenté «la force et la puissance de Netflix sur son territoire avant l'Europe», a souligné Yves Bigot. «Chez eux, Netflix fait 60% de parts de marché en prime time et consomme 40% de la bande passante. Evidemment ils ont été les premiers à nous solliciter et nous soutenir», a-t-il relaté.
Le gouvernement canadien a ainsi investi «14 millions de dollars canadiens sur cinq ans», selon ce dernier, qui ne peut toutefois chiffrer le coût global de la plateforme, en partie financée par les «108 millions» d'euros de budget annuel de TV5 Monde. Créée en 1984, la chaîne est détenue à 49% par France Télévisions. France Médias Monde en possède 12,64%, RTBF et SSR en détiennent chacun 11,11%, Radio-Canada 6,67%, Télé Québec 4,44%, Arte France 3,29% et l'INA 1,74%.