Les acteurs européens de la publicité sur internet souhaitent qu'Apple revoie ses projets sur le consentement à la publicité des internautes, craignant de voir le géant américain s'interposer entre eux et le public.
Apple doit «respecter la propriété des éditeurs sur leurs audiences, sans perturber la relation directe que les éditeurs ont construite avec les utilisateurs», ont indiqué dans un courrier à Tim Cook, le patron d'Apple, une quinzaine d'associations professionnelles de la publicité numérique et d'éditeurs de site.
Apple, qui se pose en défenseur de la vie privée de ses utilisateurs, prévoit de bientôt prendre en main le consentement des internautes au pistage publicitaire. Ces changements doivent intervenir dans une nouvelle version du système d'exploitation IOS d'Apple, iOS 14.
Mais selon les signataires du courrier rendu public vendredi 3 juillet, le nouveau module de demande de consentement prévu par Apple «ne respecte pas» les prescriptions du Règlement européen sur la protection des données (RGPD). Cette situation obligera les éditeurs en Europe à ajouter un deuxième module de consentement plus conforme, au risque de perdre des internautes en chemin.
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Les professionnels estiment également que l'initiative d'Apple «pose des problèmes de concurrence», en favorisant les services publicitaires proposés par la marque à la pomme, comme Apple Search Ads. Ils demandent à Apple de convenir d'un rendez-vous en juillet, pour régler ces différends.
Apple doit «assurer la neutralité de ses smartphones» par rapport aux services qui sont commercialisés dessus, estiment-ils.
Le courrier est signé notamment par l'IAB Europe et France, qui regroupent les professionnels de la publicité en ligne, le Geste (qui regroupe les éditeurs en ligne français), le BVDW (fédération allemande de l'économie numérique), le SRI (syndicat français des régies internet), l'association européenne des éditeurs de presse EMMA/ENPA.
D’un autre côté, nombre d’éditeurs ne jouent pas vraiment le jeu du recueil du consentement et agacent autant les internautes que les autorités. Pour ne citer que l’exemple britannique, d'après une étude du MIT, de l’UCL et de l’Aarhus University se basant sur 10 000 sites, 88% des modules de recueil du consentement (CMP) ne respectent pas la loi – et ce n’est qu’un aspect du RGPD. Pas étonnant qu’Apple veuille prendre ce recueil en mains pour améliorer la fluidité de la navigation, bien souvent devenue, il faut bien l’admettre, une véritable course d’obstacles.