Le rapport 2018 de l’Observatoire de l’information (ODI), rendu public le 15 mars, atteste des difficultés que posera, inévitablement la future loi contre les fausses nouvelles. « On voit mal ce qu’un texte anti-fake news pourrait ajouter sans donner au juge, voire à des sociétés privées, la mission de séparer en urgence le bon grain journalistique de l’ivraie manipulatrice », écrit le rapport. En 48 h, un juge des référés serait en effet tenu de se prononcer pour savoir si une information suspecte, pour peu qu’elle soit largement partagée en période électorale, doit être bloquée. Il est fort probable que le juge en question se déclarera incompétent pour déterminer la véracité de la vraie ou fausse information. Car que se passerait-il si une fake news se révélait vraie après l’élection ? Annulerait-on le suffrage ? Non, bien sûr. Le magistrat ne prendra alors aucun risque et la loi sera tout simplement inapplicable. Peut-être eût-il mieux valu mettre l’accent sur la responsabilisation des plateformes, basée sur un contrôle a posteriori, et compter sur les journalistes pour faire le ménage – à base de fact checking - dans la production d’infos sur les réseaux sociaux. La loi de 1881 ne réprime-t-elle pas déjà le délit de fausse nouvelle ?