Comment capter les jeunes quand on est un média historique et vieillissant, dont l'âge moyen des téléspectateurs flirte avec les 50 voire 60 ans ? La question se pose aux grands groupes audiovisuels, de TF1 à M6. 59 % des contacts médias des 13-17 ans et 56 % des contacts médias des 18-24 ans se font par le biais de loisirs numériques (réseaux sociaux, plateformes…) selon Médiamétrie. Selon nos informations, France Télévisions a décidé d’occuper le terrain avec Slash. Quésaco ? Une offre 100 % vidéo et 100 % digitale, destinée aux millennials et disponible sur la plateforme maison France.tv, YouTube, Facebook et Instagram. « Ce projet vise à engager une nouvelle conversation avec les jeunes adultes. Il s’inscrit dans la stratégie de déploiement numérique de France Télévisions, porté par Delphine Ernotte », souligne Tiphaine de Raguenel, directrice de la jeunesse au sein du groupe, qui pilote depuis un an ce projet auquel huit personnes sont dédiées.
Alternative / multiplicité / collaboration
Mais pourquoi Slash ? Parce que ce mot, lié à l’univers du digital, désigne une génération qui cumule plusieurs activités et fait donc référence à l’alternative, à la multiplicité. Comme le contenu disponible. Contrairement à Brut, son aîné, Slash est un média généraliste qui propose des longueurs (1 à 26 mn) et des formats variés : fictions, séries doc, animations et motion design.
Que verrait-on ? Vingt programmes dès le 5 février dont Trajectoires (portraits en 4 mn de jeunes qui ont bifurqué professionnellement), La tête haute (5 mn sur des cas de résilience), Les haut-parleurs (magazine de reportages en régions et en Europe signés de journalistes francophones) et Sexy soucis, sur le thème de la sexualité. La fiction-phare sera SKAM France (produite par Gétévé), 26 minutes avec 9 épisodes pour la saison 1 et 13 pour la suivante. Chaque saison est dédiée à l'une des cinq héroïnes de 15 ans, qui sont amies. La diffusion sur Facebook sera en temps réel, c’est-à-dire à l’horaire où se déroule l’action.
La ligne éditoriale ? Positive, à hauteur d’homme et dynamique : « Nos thématiques sont en résonance avec les préoccupations de cette génération : travail, discrimination, corps, identité, amitié. Nous allons monter en puissance pendant le premier semestre pour pouvoir coconstruire les programmes avec notre public » explique Antonio Grigolini, le responsable de l’offre éditoriale. Une offre innovante, dynamique, collaborative, résolument Slash.
Encadré
Un projet 100% France Télévisions
À l’heure où un rapprochement entre Radio France et France Télévisions est à l’étude, France Télévisions a développé Slash dans son coin. Même si, assure Tiphaine de Raguenel « nous avons essayé de travailler dans une complémentarité avec l’offre existante selon un schéma ouvert et flexible avec des partenariats possibles. Il peut y avoir une synergie de projets et une logique de promotion croisée. Le modèle est donc ouvert ». Il y a déjà des coproductions avec TV5 Monde notamment. En revanche, c'est conjointement que Michel Field pour France Télévisions et Sandrine Treiner pour Radio France travaillent sur le projet de plateforme culturelle commune aux deux maisons publiques.
