Il régale les convives d'anecdotes. «Lorsque Steve Martin [acteur et humoriste américain] a su que j'habitais sur l'île de la Grande Jatte, il était impressionné: il admire énormément le tableau qu'en avait fait Georges Seurat.» On le savait déjà: Jean Reno ne manque pas de bagout, ni, non plus, d'amis à Hollywood. Le massif acteur sera Jo Le Grand, flic à l'âme tourmentée, dans le magnus opus de TF1, la série Le Grand, «première production internationale de TF1», se félicite Laurent Storch, directeur général adjoint de TF1. «Sans Jean, nous n'aurions jamais lancé le projet», insiste Takis Candilis, président de Lagardère Entertainement, qui codéveloppe la future série via sa structure Atlantique Production.
C'est dans un Paris sombre, meurtrier mais également stylisé qu'évolue l'action de Le Grand, dont la production démarrera en juin prochain pour une diffusion en 2013. «Paris sera un personnage à part entière, aux côtés de Jean Reno», annonce René Balcer, le «show-runner» de la série.
Le Canadien connaît son affaire: on lui doit New York police judiciaire et New York unité spéciale. Il promet «un tournage haut de gamme, soigné, avec une durée de onze jours par épisodes, contre sept ou huit pour une série américaine». On n'a pas lésiné sur le budget: 2 millions d'euros par épisode, à raison de huit épisodes par saison. Soit «le double du budget d'une série nationale», précise Klaus Zimmermann, directeur général d'Atlantique Productions et artisan du succès de Borgia, la série historique, sanglante et séminale de Canal +.
Casting international
Si Le Grand se présente comme un pur «cop-show» (série policière), avec un héros au bagage psychologique pas des plus légers (père inconnu, mère prostituée, enfance dans la rue), le ton devrait être plus traditionnel que dans Borgia... Klaus Zimmermann annonce «un petit Da Vinci Code» à chaque épisode tandis que René Balcer parle d'«intrigues liées à l'histoire des quartiers et des monuments de Paris». Quand New York unité spéciale rencontre Métronome de Lorant Deutsch?
Les acteurs français pourront se dispenser de casting: hormis Jean Reno, les acteurs, dont le choix est en cours, seront exclusivement anglo-saxons. «Les Américains n'aiment pas les accents et ne trouvent pas incongru que Jules César parle un anglais shakespearien, comme dans le Rome de HBO», s'amuse René Balcer.
Dans la série, qui s'intitule en version non française Cop in Paris («un flic à Paris»), tout semble millimétré pour séduire un public international. Klaus Zimmermann ne cache pas que ses journées au marché des programmes de Cannes sont bien remplies, et que «des chaînes italiennes et allemandes ont déjà fait part de leur intérêt». Images léchées de la tour Eiffel, des bateaux-mouche ou du Louvre, star connue en Amérique et anglais comme langue principale: les téléspectateurs français, eux, marcheront-ils? «Le challenge, c'est précisément de ne pas réaliser une carte postale, affirme Jean Reno. Mais si c'est une carte postale, ce n'est déjà pas si mal!»