Une France sortie de l'euro qui met du temps à battre sa nouvelle monnaie, des citoyens qui ne peuvent retirer que 35 euros de liquidité par semaine... Non, il ne s'agit pas là d'un argument de campagne destiné à faire peur, mais du sujet - «vieux d'au moins deux ans», selon ses créateurs - d'une fiction transmédia que la société Telfrance développe en partenariat avec France Télévisions, lemonde.fr, La Gaîté lyrique, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et Media, le programme de la Commission européenne pour soutenir et développer l’industrie audiovisuelle en Europe.
Ce scénario d'anticipation n'est pas sans rappeler l'émission de la RTBF (Radio télévision belge francophone) du 13 décembre 2006, qui avait fait croire à l'indépendance de la Flandre et à la partition de la Belgique.
Sur le plan de la production, la fiction Anarchy est la petite sœur de Plus belle la vie. Ses deux concepteurs, Hubert Besson et Benjamin Faivre, souhaitent faire honneur à la lignée, en se démarquant des concurrents, même dans un genre transmédia qui cherche encore ses marques. «Nous ne croyons pas à la websérie, clament-ils, provoquants. Anarchy, ce sont deux mondes distincts, Web et télévision, qui se racontent en même temps. Seuls quelques personnages seront communs aux deux.»
Lancement synchrone et scénario participatif
Le socle d'Anarchy est un univers aux contours bien délimités sur lesquels planchent actuellement des pools de scénaristes et d'experts. Sur Internet, l'histoire va se décliner en un site de news multimédia, qui reprendra les codes de l'info continue, avec deux JT, mais aussi de vraies conférences de presse et rédactions. «Et, de façon synchrone,nous allons lancer la série à la télévision», explique Benjamin Faivre. Mais la télévision ne prolonge pas Internet, et inversement. Les points de contact, en dehors du décor, s'incarneront dans quelques personnages.
«La vraie nouveauté, explique Hubert Besson, c'est de faire agir à la télévision des personnages animés par les communautés sur Internet.» Les internautes, sollicités de manière classique pour répondre à des sondages ou laisser des commentaires, pourront aussi s'accaparer un personnage et le faire vivre. «A ce moment-là, l'internaute deviendra auteur et sera inscrit au générique», promet Benjamin Faivre. Le nombre de personnages à investir sera limité, et n'a pas encore été dévoilé. «Quoi qu'il en soit, si une contribution Web est excellente, nous la ferons remonter dans le scénario à la télévision», assure Benjamin Faivre.
Le projet, estimé à 500 000 euros par épisode de 52 minutes (huit sont prévus), verra le jour à l'automne 2012 ou au printemps 2013.