Le conseil d'administration du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a tranché: ce sera L'Equipe TV. Les 30 votants présents ce jeudi 22 décembre, sur 44 membres, ont choisi à une grande majorité de développer un partenariat avec le projet de chaîne sportive sur la TNT gratuite du groupe Amaury. L'Equipe TV a recueilli 23 voix, contre 6 pour le projet RMC Sport présenté par Next Radio TV.
Alain Weill, président du groupe Next Radio TV, a réagi jeudi 22 décembre dans un communiqué: «De façon rétrospective, nous avons le sentiment d'un choix fait d'avance. Après une première mi-temps perdue avec de sérieuses fautes d'arbitrage, nous comptons sur le seul arbitrage valable, celui du CSA.»
Dans le détail, 22 membres ont voté pour L'Equipe TV, cinq pour RMC Sport, un a choisi les deux projets et un autre n'en a choisi aucun. Enfin, un membre n'a pas participé au vote: il s'agit d'Isabelle Sévérino, vice-présidente du CNOSF, coprésidente de la Commission des athlètes de haut niveau, mais également consultante sur RMC.
Le CNOSF va maintenant mettre en place un partenariat avec L'Equipe TV. Ce document figurera en bonne place dans le dossier que le groupe Amaury déposera le 10 janvier au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). La chaîne est candidate à l'une des six fréquences sur la TNT gratuite. La décision sera prise vers la mi-mars. RMC Sport ne se retire pas pour autant du jeu. Next Radio TV présentera bien au CSA son projet de chaîne sportive, en concurrence avec L'Equipe TV.
Un avantage de marque
Forte de l'appui du CNOSF, L'Equipe TV part donc avec de multiples avantages sur sa rivale. Tout d'abord, la chaîne existe depuis 1998. Elle est diffusée sur les réseaux câblés et Canalsat. Ensuite, le projet bénéficie de la notoriété de la marque L'Equipe et du savoir-faire des journalistes de la chaîne et du quotidien sportif. Une référence. «L'Equipe TV ne ressemblera pas à la chaîne actuelle, assure François Morinière, directeur général du groupe. Nous serons une chaîne de sport, et non une chaîne d'information sportive. Même si la colonne vertébrale restera l'actualité sportive, le spectre éditorial sera largement élargi.»
La chaîne sportive du groupe Amaury promet de s'appuyer sur l'ensemble de la rédaction du groupe, soit 380 journalistes et plus de 150 correspondants. «Toutes les thématiques sportives seront proposées et L'Equipe TV sera une chaîne d'opinion et d'analyse, poursuit François Morinière. Notre rôle sera aussi de raconter le sport et de le faire découvrir, tout en créant du lien avec les 25 millions de passionnés de sport.» L'Equipe TV tentera aussi d'événementialiser la visite des sportifs venant régulièrement dans la rédaction du journal. «Mais nous n'avons pas la vocation de diffuser des événements sportifs, ou du moins de nous lancer dans une stratégie d'achat de droits», conclut le dirigeant.
Côté finances, la chaîne devrait disposer de 30 à 35 millions d'euros de budget annuel, avec 40 millions d'euros de recettes publicitaires nettes prévues à terme. L'équilibre est attendu à l'horizon 2016. Le CNOSF, qui n'entrera pas dans le capital de L'Equipe TV, codirigera la chaîne sportive, contrairement à RMC Sport dont le projet proposait au mouvement olympique français de prendre 20% des parts.
Deuxième mi-temps pour RMC Sport
Déjà candidate en 2005 à une fréquence TNT, RMC est portée par Next Radio TV. Son patron, Alain Weill, promet la chaîne de tous les sports. Celle-ci s'articulerait autour de trois piliers: l'information, le documentaire et la retransmission d'une centaine d'événements sportifs par an, en direct ou en différé. Objectif: donner de la visibilité à des sports moins médiatiques que le football ou le rugby, tels l'aviron, le canoë-kayak ou le volley-ball. «RMC Sport HD rassemblera le haut niveau et le sport de masse, les pros et les amateurs, intégrera les disciplines handisports, l'outdoor ou le bien-être», explique François Pesenti, directeur général.
Particularité de RMC Sport, outre que la chaîne diffuserait en haute définition: elle serait en partie disponible en 3D pour les téléspectateurs connectés en ADSL. D'abord pour les émissions de plateau, puis pour les reportages, voire pour la retransmission d'événements sportifs. L'objectif que s'est fixé Alain Weill est d'arriver à 5 millions de téléspectateurs par jour (soit 1 point d'audience) pour un chiffre d'affaires publicitaire annuel de 30 millions d'euros d'ici à 2016, date à laquelle Next Radio souhaite atteindre le point d'équilibre.
Le choix du CNOSF est important, mais pas déterminant. La décision finale d'accorder une fréquence revient au CSA. Ce dernier pourrait aussi être tenté de renforcer l'ex-nouvel entrant sur la TNT que fut BFM TV au nom de la «concentration» chère à son président Michel Boyon. A moins que ce dernier ne penche pour le projet de chaîne documentaire que présente, en parallèle, Alain Weill...