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Paradoxe: malgré la crise financière, la presse économique va mal. Dernières victimes en date, La Tribune et L’Expansion, dont les modèles sont remis en question.

La Tribune à vendre, L'Expansion qui se rapproche de L'Express pour limiter les déficits, Les Echos encore en déficit en 2011: de nombreux titres de presse économique se portent mal, alors même que la crise financière ne cesse de faire la une de l'actualité depuis 2008. Première victime, La Tribune, dont la diffusion France payée a reculé de 12% entre 2008 et 2010, à 64 424 exemplaires.

«La Tribune est d'autant plus impactée (...) qu'elle était déjà dans une situation financière fragile auparavant et que ses revenus dépendent largement de la publicité et donc de la situation économique générale», estime la présidente du titre, Valérie Decamp, qui a annoncé le 24 novembre la mise en vente du journal.

Entre 2005 et 2009, le quotidien a perdu chaque année entre 12 et 18 millions d'euros, un résultat d'exploitation ramené à -9 millions en 2010... et à 300 000 euros de pertes par mois aujourd'hui. Un déficit structurel qui s'explique notamment par l'effondrement de la publicité financière, conséquence d'une directive européenne sur la diffusion des informations réglementaires.

Cette réforme n'est pas sans conséquence non plus pour Les Echos, qui a perdu autour de 5 millions d'euros en 2010 et devrait accuser le même déficit en 2011. En revanche, la diffusion du titre n'a reculé que de 2,8% entre 2008 et 2010 (116 737 ex.). «Contrairement à La Tribune, Les Echos ont réussi à développer une diffusion significative en dehors des abonnements grands comptes», estime un observateur du secteur. Frédéric Filloux va prendre la direction digitale du groupe pour donner un nouvel essor au site LesEchos.fr. 

Autre titre à la peine, L'Expansion. Selon l'OJD, le mensuel économique a connu en 2010-2011 un repli de ses ventes en France de 4,9%, à 137 412 exemplaires. En cinq ans, il a perdu 12,3 millions d'euros, dont 2,4 millions pour la seule année 2010. Après avoir envisagé de le vendre aux Echos, le groupe Express-Roularta privilégie aujourd'hui une réorganisation en «newsroom» regroupant une partie de la rédaction de L'Expansion et le service économique de L'Express.
«L'actualité chaude sera traitée sur le site (1 million de VU par mois), alors que L'Expansion, qui sortira une nouvelle formule pilotée par Christophe Barbier et Christine Kerdellant en février 2012, se consacrera aux articles d'analyse», explique Corinne Pitavy, directrice générale du groupe. Cette nouvelle organisation entraînera la suppression de neuf postes, sur un effectif d'une trentaine.

S'unir pour faire face à la crise, c'est également le choix qu'ont fait Le Journal des finances et Investir. Début 2011, le premier a été racheté au Figaro par Les Echos, qui l'a fusionné avec Investir. Objectif, retrouver le cap de la rentabilité. En 2009, Le Journal des finances affichait une perte de 1,6 million d'euros quand Investir perdait  3,7 millions d'euros.

Premier mensuel économique en diffusion, Capital ne fait pas partie des plus mal lotis. Mais le magazine accuse lui aussi le coup: sur la période juillet 2010-juin 2011, la diffusion France payée a reculé de presque 5%, à 321 818 exemplaires.

«Depuis la faillite de Lehman Brothers, en 2008, on constate une perte de confiance vis-à-vis des titres économiques. D'une part, les thèmes liés à l'économie sont devenus omniprésents dans la presse. D'autre part, il fut un temps où les grands patrons faisaient rêver. Aujourd'hui, on ne cesse de parler de crise de l'euro, d'endettement... L'économie n'est plus porteuse que de mauvaises nouvelles», estime Martin Trautmann, éditeur des pôles économie et découverte de Prisma Presse. Aux entreprises de presse, peut-être, de rendre l'éco moins anxiogène...

Encadré

Prisma veut lancer un titre économique pour jeunes

Dans un contexte où l'économie ne fait plus forcément vendre du papier, Prisma Presse planche sur un nouveau concept: un magazine économique pour les jeunes. Le titre, qui pourrait être testé en hors-série ou avec une périodicité plus régulière, n'est adapté d'aucun format existant. «Il s'adressera aux 20-30 ans, encore étudiants ou à la recherche d'un premier emploi», explique Martin Trautmann, éditeur des pôles économie et découverte de Prisma Presse. Les équipes de l'Académie Prisma Presse travaillent sur le sujet, qui devrait être testé avant l'été 2012.

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