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Médias le mag, sur France 5, fête sa centième émission. Jugée fade lors de son lancement après Arrêt sur Images, elle s'est peu à peu imposée.

Ce jeudi 31 mars au soir, France Télévisions célèbre en grande pompe la centième émission de Médias le mag au théâtre du Trianon avec, n'en doutons pas, tout ce qui compte dans le très villageois paysage audiovisuel français (PAF). Ce sont Rémy Pflimlin, le patron, et Bruno Patino, le directeur de France 5, qui invitent… comme pour mieux souligner que l'émission inaugurée en septembre 2008 est bien en cour auprès de la nouvelle présidence du groupe public, elle-même nommée par le Château.

De Nonce Paolini, PDG de TF1, à Rémy Pflimlin en passant par Patrick de Carolis, son prédécesseur, tous les patrons du PAF sont passés devant l'écran tactile de Thomas Hugues, à La Plaine-Saint-Denis. «Nous sommes souvent obligés de dire non à des patrons de chaînes ou de presse, explique l'animateur. La sensibilité du PAF est à fleur de peau! Mais je suis surtout surpris par la susceptibilité de certains journalistes. Jean-Pierre Pernaut n'a ainsi pas apprécié la musique d'accordéon pour un reportage sur son journal.»

Si on la compare à Arrêt sur images, l'émission de Daniel Schneidermann qui l'a précédée sur France 5, Médias le mag ressemble plus à une opération de relations publiques du petit écran qu'à une émission d'action critique bourdieusienne des médias. Pourtant, après s'être un peu cherché dans le feuilletonnage des vedettes des grilles de programmes, le magazine a fini par trouver son rythme, notamment depuis janvier où des «débats d'experts» apportent un peu de profondeur aux sujets d'actualité.

Alors que Canal+ a arrêté Plus clair et que Paris Première a mis un terme à Pif PAF, Médias le mag est le dernier rendez-vous télévisuel de décryptage des médias qui s'intéresse aussi bien à l'actualité intestine du petit écran qu'au travail des reporters sur le terrain ou aux plans de communication des hommes politiques. «Nous ne sommes pas les nouveaux procureurs du PAF, mais nous ne sommes pas non plus des béni-oui-oui», précise Thomas Hugues.

Audience en forme

Sur une quarantaine d'émissions annuelles, qui coûtent à la chaîne quelque 90 000 euros pièce, on trouve parfois des enquêtes à charge. Exemples? «Les journalistes de mode payés par les grandes marques, les journalistes santé financés par les labos ou l'argent des fixeurs en Afghanistan qui va dans la poche des Talibans», cite l'animateur.

De même que Thomas Hugues a demandé la garantie de pouvoir parler de «de tout et de tous» au sein du PAF, il se refuse néanmoins aux attaques ad hominem. Ainsi, à propos de France Inter, inutile de chercher un portrait au vitriol de son directeur Philippe Val. Mais Stéphane Guillon, son contempteur, est invité à s'exprimer sur le plateau.

Au premier trimestre, avec une moyenne de 600 000 téléspectateurs, soit une hausse de 10% par rapport à octobre-décembre 2010, l'audience de l'émission est plutôt en forme. Certes, elle ne rassemble pas les 800 000 «médiaphiles» de ses débuts, mais il faut dire qu'elle ne bénéficie plus que d'une diffusion le dimanche à 12h35.

Médias le mag, qui emploie une vingtaine de permanents au sein de Jara Prod, s'est ainsi imposée comme une lucarne honnête et professionnelle sur les médias. Il lui manque parfois ce petit supplément d'âme qui accroche un public d'inconditionnels. Peut-être est-ce dû à cette absence de risque propre à toute émission enregistrée (en l'occurrence le vendredi)? En tout cas, ce différé provoque parfois des gesticulations pour jongler avec l'actualité chaude, comme lorsqu'il a fallu réécrire un sujet sur la Tunisie après le départ du président Ben Ali. Selon Thomas Hugues, «le direct serait possible, mais ce serait compliqué d'avoir des invités le dimanche». La limite du PAF sur la politique…

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