«Après l'affaire Wikileaks, certains lecteurs se sont détournés de nous…», se souvient Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde. Toutes les vérités sont-elles vraiment bonnes à dire? Telle était en substance la question posée par l'hebdomadaire Télérama, qui recevait le 21 mars dernier au Théâtre du Rond-Point, à Paris, aux côtés de la journaliste du Monde, le député socialiste François Hollande, le comédien Philippe Caubère, la philosophe Myriam Revault d'Allonnes et la créatrice Nathalie Rykiel, pour un débat intitulé «Halte à la transparence», coanimé par le metteur en scène Jean-Michel Ribes et Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama.
L'occasion, donc, de revenir sur la publication par le grand journal du soir des documents divulgués par le site de Julian Assange, qui avait choisi en exclusivité les titres les plus prestigieux de la presse européenne (El Pais, The Guardian, Der Spiegel…). Mais le lecteur français a, semble-t-il, des pudeurs étrangères à ses voisins européens. «Les lecteurs français semblent avoir le goût du secret, remarque Sylvie Kauffmann. La France a été le seul pays où l'on a pu observer de telles réactions. Certains se disaient choqués, estimant qu'il pouvait être dangereux, pour la sécurité nationale, de rendre publics certains documents.» Différence de culture entre journalisme à la française et pratique anglo-saxonne du «full disclosure» (transparence totale)? François Hollande, quant à lui, fustigeait, comme il se doit, «le grand déballage, l'exhibition permanente de mise depuis quelques mois et qui nuit à l'ensemble du monde politique». Suivez mon regard… Qu'on se le dise, selon le député PS, il faut s'attendre «à la campagne présidentielle la plus transparente jamais observée», du fait de la captation d'images permanentes, via notamment les téléphones portables. «Paradoxalement, les politiques vont plus que jamais devoir se surveiller», prédit François Hollande.
