«Des citoyens en colère demandent plus d'informations.» Telle était la une, le 17 mars, du quotidien anglophone Japan Times. Les habitants de la préfecture de Fukushima, où se trouvent les centrales nucléaires de Daiichi, se demandaient si leur gouvernement et l'opérateur Tepco (Tokyo Electric Power) leur disaient toute la vérité sur les incidents en cours.
Des inquiétudes qui s'expriment sur les réseaux sociaux, notamment Gree, Mixi (le plus connu) et Mobage, qui alignent chacun plus de 20 millions d'utilisateurs dans l'archipel. L'ambassade de France au Japon a cependant précisé à Stratégies que les critiques envers l'information officielle et le gouvernement représentaient un phénomène assez important sur les réseaux sociaux nippons. «Elles portent sur le manque de transparence et sur une communication perçue comme très optimiste, observe un porte-parole de l'ambassade depuis Tokyo. Les réseaux sociaux jouent le rôle de média alternatif, avec des réactions en chaîne qui accélèrent les nouvelles et les rumeurs.»
Grille de lecture différente
Les Japonais, qui s'informent par les médias étrangers, en sont souvent à l'origine. «Certains s'interrogent sur la zone d'évacuation de 80 km autour de Fukushima recommandée par les États-Unis, alors que celle instaurée par leur gouvernement n'est que de 20 km», explique l'ambassade.
Le bureau français du quotidien économique Nihon Keizai Shinbun estime cependant que la méfiance envers l'information officielle n'est visible qu'à la marge sur les réseaux sociaux. «L'idée de la désinformation est très minoritaire au Japon, affirme Philippe Pamart, rentré de Tokyo le 15 mars et directeur de la société Go To Japan, spécialisée dans le marketing. Les médias occidentaux interprètent l'événement avec une grille de lecture qui ne correspond pas à celle du Japon.» Depuis le tsunami, les réseaux sociaux sont employés pour prendre des nouvelles de proches, donner signe de vie et rechercher les disparus. Ils servent aussi à lever des fonds d'aide aux sinistrés.
(encadré)
Twitter devant Facebook
Grâce à une forte pénétration du smartphone, Twitter domine Facebook au Japon, avec plus de 10 millions d'utilisateurs contre 2 millions. Le site de messages courts joue donc un rôle très particulier, et il vient d'être l'objet de grandes manœuvres. Le 17 mars, Tepco a ouvert un fil Twitter en japonais qui, en moins d'une journée, a accueilli plus de 185 000 abonnés. La veille, le bureau du Premier ministre avait lancé un compte Twitter en anglais, traduction de celui qui existait déjà en japonais.