Frédéric Mitterrand aurait voulu enterrer la privatisation de France Télévisions Publicité qu'il ne s'y serait pas pris autrement. En déclarant que la cession de la régie au duo Courbit-Publicis posait «un problème déontologique», le 29 mars, le ministre de la Culture et de la Communication a sans doute hérissé les 280 salariés, qui bénéficient d'une garantie d'emploi de trois ans en cas de reprise par le consortium.
Est visé moins le conflit d'intérêts qui pourrait exister au niveau de Publicis entre les activités d'acheteur d'espace, de conseil et de régie publicitaire, que celui qui touche au périmètre de la société Lov Group de Stéphane Courbit. De source bien informée, l'une de ses sociétés, Air Prod (Nagui), bénéficierait d'une cinquantaine de millions d'euros de commandes de production de la part de France Télévisions. Imaginons – pure hypothèse – que la régie veuille favoriser les intérêts de Nagui, il lui suffirait de surinvestir en écrans publicitaires son émission N'oubliez pas les paroles.
Financement incertain
C'est ce tiraillement entre le régisseur et le producteur que pointent les groupes de travail constitués par Patrick de Carolis. Pour y faire face, une seule solution s'impose tant il apparaît difficile de placer des «verrous juridiques»: que Stéphane Courbit tranche de lui-même le nœud gordien en se séparant par exemple d'Air Prod ou en renonçant à devenir opérateur de la régie.
Frédéric Mitterrand, qui ne «juge pas choquant d'augmenter la redevance», sait que le financement de la télévision publique n'est pas assuré. Et que la publicité pourrait rester en journée en 2012. La privatisation de la régie se doit donc d'être sans tache.