Le groupe CNN a-t-il souffert des répercussions de la crise économique et financière en 2009 ?
Kenneth Estenson. Le moins qu'on puisse dire est que nous avons survécu (rires). Nous sommes encore très profitables, très solides. À l'évidence, tout le monde a senti les effets de cette crise économique, mais CNN est une marque très forte, qui a pu bénéficier des difficultés des plus petites marques pour récupérer des parts de marché. Le groupe CNN a enregistré sa cinquième année consécutive de croissance à deux chiffres, avec la combinaison d'une hausse du chiffre d'affaires et du profit. CNN a fini l'année avec des effectifs plus étoffés, ce qui est assez rare pour être signalé dans le secteur des médias.
Cnn.com constitue le versant le plus dynamique du groupe. Vous en êtes le patron depuis 2008, qu'avez-vous amélioré ?
K.E. L'essentiel des efforts s'est porté sur la refonte du site, que nous avons voulu plus visuel, plus orienté vers la vidéo et mieux connecté aux réseaux sociaux. Nous l'avons voulu plus puissant afin de permettre l'expansion vers de nouvelles catégories de news, telles que l'entertainment, le high-tech ou le business. Il est clair que les contenus générés par les utilisateurs sont très importants pour nous. Les informations récoltées, via Ireport notamment, commencent à faire une réelle différence dans le rassemblement des informations. Dans les quarante-huit heures qui ont suivi le tremblement de terre en Haïti, plus de 1 000 images ont ainsi été postées en ligne.
En quoi cnn.com se distingue-t-il de ses rivaux ?
K.E. La force de CNN est sa capacité à se déployer sur tous les supports, de la télévision au Web puis au mobile. L'idée est de faire en sorte que nos clients soient capables de voir les contenus, les vidéos notamment, où qu'ils soient. L'année 2009 a été celle du développement en masse de notre application payante pour Iphone aux États-Unis. L'année 2010 sera celle de son expansion internationale. Ce sera l'année du mobile, avec un renforcement des conditions de la mobilité, plus de vidéos, plus de services de géolocalisation, etc. Plus que jamais, cnn.com fera valoir ses trois caractéristiques principales : créatif, progressiste etnovateur.
Avez-vous vraiment la capacité d'innover et de proposer dans un groupe tentaculaire comme Time Warner ?
K.E. Je peux vous garantir que je suis libre de faire tout ce que je veux ! L'environnement de Time Warner est incroyable, très entrepreneurial, avec une réelle autonomie permettant toutes les initiatives. J'ai les mains libres, et les succès connus depuis mon arrivée sont un encouragement au défi et à davantage de prises de risques dans l'avenir. Cela dit, Time Warner offre une incroyable richesse de contenus, ce qui nous amène à travailler très étroitement avec des partenaires comme Time, Fortune ou People Magazine.
Le chiffres d'affaires de la publicité sur Internet vient de dépasser celui de la télévision en Grande-Bretagne. Comment imaginez-vous l'avenir des deux médias ?
K.E. À vrai dire, ils ont déjà plus ou moins fusionné, en tout cas chez CNN. Je ne pense pas que l'un des deux médias va absorber l'autre. Bientôt, chaque téléspectateur-internaute aura le choix entre regarder une vidéo diffusée ou bien la télécharger. Il y aura deux modes de consommation pour un même contenu.