La jeune femme a créé la néobanque verte Green-Got, par volonté de prendre sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique. Car la finance est le nerf de la guerre pour décarboner l’économie.
C’est une pile électrique qui marche aux énergies renouvelables, inlassable avocate du réveil écologique sur les réseaux sociaux et lors de ses interventions médiatiques. À 27 ans, Maud Caillaux a été distinguée par le « Forbes 30 under 30 », le classement des jeunes entrepreneurs prometteurs. Après des expériences dans le luxe et la banque, cette diplômée de l’École de management de Grenoble a fondé avec son associé Andréa Ganovelli la banque en ligne Green-Got, lancée officiellement le 20 juin. Le principe ? Un compte courant pour 6 euros par mois, qui finance des projets à impact à chaque utilisation de sa carte bancaire. La start-up a signé des partenariats avec des acteurs de la protection de la forêt amazonienne, de la dépollution de la surface maritime et du financement des énergies renouvelables. Elle indique également l’équivalent en CO2 de chaque achat.
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Grâce à une communication active sur LinkedIn et Instagram, dans laquelle Maud Caillaux se met volontiers en scène, le projet a convaincu 5 000 clients en deux mois. À suivre : un compte épargne en fin d’année et des prêts bancaires sous réserve d’agrément. « On ne peut pas imaginer la transition sans le secteur bancaire, affirme la jeune entrepreneure. Le système actuel finance massivement les énergies fossiles ; la réorientation des flux financiers vers des projets à impact est le levier le plus rapide et le plus efficace pour décarboner l’économie. Beaucoup plus que d’éteindre la lumière ! Des banques responsables existent déjà mais notre projet s’adresse à une cible jeune, qui utilise les réseaux sociaux. »
Ce discours qui épingle les banques traditionnelles fait grincer des dents. Green-Got affirme dans sa communication que « détenir 4 000 euros dans une des quatre plus grandes banques françaises équivaut à 2 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 10 000 kilomètres en voiture ». Mais pour Maud Caillaux, la start-up va au-delà d’un projet entrepreneurial et puise dans son histoire familiale. Iranienne par sa mère dont elle a hérité de l’esprit combatif, elle est bourguignonne par son père et très attachée « à cette terre grasse, cette herbe verte, ces vaches. Me dire que tout cela pourrait disparaître à cause du réchauffement climatique me rend malade ». Elle se reconnaît touchée par l’éco-anxiété comme 60 % des jeunes de 16 à 25 ans, selon une étude publiée dans la revue The Lancet Planetary Health en septembre 2021.
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Partie pour une belle carrière dans la finance à New York, un événement familial lui a fait reconsidérer ses priorités. « Je voulais me dire que j’aurais apporté ma contribution s’il ne me restait que six mois à vivre. Je suis revenue en France pour lancer le projet Green-Got. » Éloquente et convaincante, elle représente cette nouvelle génération qui, comme Greta Thunberg, ne veut pas laisser les « boomers » décider de son avenir.