Au terme du second tour des élections législatives qui ont vu la majorité présidentielle échouer à obtenir une majorité, les médias pointent un désaveu des électeurs à l’égard d’Emmanuel Macron.
« Gifle », « claque », « défaite humiliante », « désaveu cinglant »… La presse n'a pas de mots assez forts ce lundi 20 juin au matin pour qualifier le revers subi aux législatives par le camp du président Emmanuel Macron qui va devoir apprendre composer, selon les éditorialistes. En gros plan à la Une de la plupart des journaux, le visage d'Emmanuel Macron, tête basse dans Libération ou Les Echos ou les lèvres pincées dans Aujourd'hui en France, illustre, pour les journaux de droite comme de gauche, une défaite personnelle du chef de l'Etat.
« Miroir inversé de l'élection présidentielle, ce second tour des législatives ressemble furieusement à un référendum anti-Macron », écrit ainsi Alexis Brézet dans Le Figaro, qui évoque une « cruelle leçon pour le chef de l'Etat ». « La faiblesse de son camp lui est en grande partie imputable », estime aussi Patrice Chabanet dans Le Maine Libre. « La politique, ce n'est pas une croyance aveugle en sa bonne étoile, nourrie par des succès antérieurs. Ce n'est pas non plus le refus du débat par un renoncement entêté à toute campagne. Ce n'est pas encore le primat de la politique étrangère sur les affaires intérieures. Le réservoir de voix se situe plus à Rouen ou Agen qu'à Kiev », assène-t-il.
« Obligation de composer »
« Les Français en ont eu assez de la surpuissance d'un homme et son camp. Ils ont contraint les partis à gouverner différemment », renchérit Sébastien Georges dans L'Est Républicain, pour qui « sanctionné, Macron va devoir composer ». Une « obligation de composer » également soulignée par Frédéric Barrilé dans Le Maine Libre. Si Aujourd'hui en France barre sa Une du seul « Ingouvernable », Ouest-France juge le contraire. Dans son éditorial, Stéphane Vernay estime que « le pouvoir va devoir faire l'objet d'un nouveau partage. C'est le choix des électeurs, qui imposent, par les urnes, une sévère cure d'humilité au maître des horloges. (...) La République en Marche ne peut plus rien imposer seule. Soit en bâtissant une nouvelle alliance avec Les Républicains. Soit en négociant chaque texte, demain, au coup par coup ».
« Les députés LR se retrouvent en position de force », estime pour sa part Laurent Bodin dans L'Alsace, pour qui « une forme inédite de cohabitation, à l'Assemblée nationale, débute ce lundi en France ». « Même si elle est considérée comme un gros mot par les partis politiques, pourquoi pas la coalition ? », s'interroge même Sébastien Geroges de L'Est Républicain. « Comment tout cela finira-t-il si la contestation ne parvient pas à se traduire en compromis ? », s’inquiète Florence Chédiotal dans La Montagne. « Si la France reste gouvernable, il est fort probable qu'en l'état elle ne soit plus réformable », jauge-t-elle. « On va dans le mur », avance même Olivier Biscaye de Midi Libre, pour qui « un sacré désordre se profile sans espoir de marche arrière ».
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