Après les pizzas Buitoni, les chocolats Kinder. Le parquet de Paris ouvre une nouvelle enquête après des plaintes dénonçant une contamination aux salmonelles liée à la consommation de chocolats de la marque fabriqués dans une usine Ferrero belge.

Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une nouvelle enquête sur un possible scandale sanitaire, après des plaintes dénonçant une contamination aux salmonelles liée à la consommation de produits fabriqués dans une usine Ferrero belge. Cette enquête préliminaire a été ouverte le 25 mai pour « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine », « atteintes involontaires à l'intégrité physique » et « mise en danger de la vie d'autrui ».

Le Pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris s'en est saisi « sur le fondement des retraits et rappels effectués par la société Ferrero, des éléments communiqués par Santé Publique France et de la plainte de l'association Foodwatch » déposée le 19 mai, a précisé le parquet à l'AFP. Cette association de défense des consommateurs a elle-même regroupé plusieurs plaintes de familles de victimes. Cette nouvelle enquête a été confiée à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) et au service national des enquêtes de la Direction des fraudes (DGCCRF), selon le parquet.

Elle intervient après l'ouverture de celle visant les pizzas Buitoni du groupe Nestlé, à l'origine de cas graves de contamination d'enfants par la bactérie Escherichia coli. «C'est une première étape mais nous demandons comme dans l'affaire Buitoni qu'une information judiciaire soit ouverte rapidement», a réagi François Lafforgue, l'avocat de Foodwatch France contacté par l'AFP.

Rappel

«Des dizaines de victimes» se sont manifestées et attendent «que toute la lumière soit faite dans cette affaire de trop», a ajouté François Lafforgue. Contacté par l'AFP, Ferrero a indiqué «ne pas commenter la procédure en cours mais vouloir coopérer pleinement avec les autorités, comme cela a toujours été le cas». La salmonellose, due à une bactérie, provoque des symptômes proches de ceux d'une gastroentérite parfois aiguë.

Début avril, le géant italien de la confiserie avait procédé au rappel de tous les produits fabriqués dans son usine d'Arlon, en Belgique, après le signalement de dizaines de cas de salmonellose possiblement liés à la consommation de ses produits chocolatés dans plusieurs pays d'Europe. Etaient concernés les Kinder Surprise, Kinder Mini Eggs, Kinder Surprise Maxi 100 g et Kinder Schoko-Bons, dans tous les pays où ils sont distribués et quelle que soit leur date de péremption. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies avait identifié au 3 juin 392 cas confirmés et 22 probables de salmonellose dans les pays de l'Union européenne et en Grande-Bretagne. Les enfants de moins de 10 ans ont été les principales victimes de cette infection, sans aucun décès recensé à ce jour. Dans l'Hexagone, Santé publique France a comptabilisé à la date du 2 juin 118 cas, donc 22 ont dû être un temps hospitalisés. La justice belge a ouvert le 11 avril une enquête, dirigée depuis le 19 juin par un juge d'instruction, pour établir d'éventuelles responsabilités au sein de l'usine d'Arlon.

Défaillances

Le groupe a été alerté le 23 mars par les autorités britanniques d'une possible contamination à la salmonelle de ses produits. Mais, selon les agences sanitaires européennes, le premier cas détecté, en Angleterre, remontait au 21 décembre, sans que le lien avec les chocolats Kinder n'ait alors été établi. Ferrero a assuré avoir, le 15 décembre, identifié et bloqué dans son usine belge des lots contaminés et avoir pris des mesures d'hygiène pour éliminer la présence de la bactérie. Depuis début avril, plus de 3.000 tonnes de produits Kinder ont été retirés du marché en France. L'usine d'Arlon a été perquisitionnée mercredi dans le cadre de l'enquête belge, ainsi que cinq autres sites Ferrero à Bruxelles et au Luxembourg.

Selon des enquêtes internes, la contamination proviendrait «d'un filtre situé dans une cuve à beurre laitier» et y serait arrivée «soit par des matières premières contaminées, soit par des personnes», avait indiqué en mai le directeur général France de Ferrero, Nicolas Neykov, au Parisien. Le groupe a reçu plus de 150.000 demandes de dédommagement et 90% de ces demandes ont été « satisfaites », avait-il précisé. Ferrero a demandé la réouverture de l'usine d'Arlon le 13 juin. Le groupe, qui a reconnu des défaillances, annonce que 50% des contrôles sanitaires seront désormais réalisés par un laboratoire extérieur homologué alors que, « pour l'heure », tout repose sur un système d'auto-contrôle en interne.

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