Diagnostic

La marque d'alcool a fait l’objet de publicité indirecte sur le compte amateur YourBestRiflon sur Instagram et TikTok. L’association Addictions France a saisi la justice pour non respect de la loi Evin. 

Bouteille, bob, tablier à l’effigie de Pernod Ricard… Des produits dérivés de la marque d’alcool ont été mis en avant par de jeunes utilisateurs sur le compte YourBestRiflon sur Instagram et TikTok. Les propriétaires indiquent n'avoir «aucun lien avec Ricard». Pour autant, différentes méthodes de promotion ont été déployées, dont un jeu concours, sans que soit apposé le message «l’abus d’alcool est dangereux pour la santé», pourtant obligatoire. C'est pourquoi l'association Addictions France a décidé de saisir la justice pour demander le retrait de ces contenus sur Instagram et TikTok. «TikTok semble plus ouverte au dialogue et a d’ores et déjà supprimé l’un des posts les plus problématiques», précise l'association. Contactée par Stratégies, Pernod Ricard précise n’avoir «aucun lien avec l’initiative YourBestRiflon, ni avec aucune autre similaire». «Une telle pratique est contraire à la législation. En juin 2020, nos équipes ont pris contact avec les auteurs du compte intitulé au départ YourBestRicard. Nous avons demandé aux détenteurs du compte d’en changer le nom, de supprimer toute mention de Ricard ou Pernod Ricard, que ce soit dans les commentaires, dans les images ou même les hashtags utilisés. Nous leur avons également rappelé que le compte n’était pas en conformité avec la loi Evin. Nos interlocuteurs en avaient alors pris acte puisqu’ils avaient adressé un message en ce sens à leur communauté», poursuit Pernod Ricard. L'audience s'est tenue le 15 avril au tribunal judiciaire de Paris.

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« Les collaborateurs doivent être protégés»

«Ce fait d’actualité n’est pas vraiment un bad buzz et a été peu relayé dans la presse. Pernod Ricard doit se demander auprès de quelle cible cette action en justice peut ternir l’image de son groupe. Certainement pas auprès des jeunes consommateurs, mais plutôt auprès de ses collaborateurs. Car si un fait d’actualité passe sous les radars, les collaborateurs restent toujours des parties prenantes à protéger. En situation de crise, ils peuvent être touchés lorsque l'entité dans laquelle ils travaillent est malmenée dans les médias. Je conseillerais à la direction de communication de partager un message en interne en passant par les manageurs de proximité pour réaffirmer sa position auprès de ses collaborateurs.»

«Cette mise en scène des produits Pernod Ricard dans un univers ludique non accompagnée d’un message de prévention va évidemment à l’encontre de la loi Evin. Mais pourquoi Pernod Ricard prendrait la parole alors que ce n’est pas la marque qui est mise en cause, mais bien l’hébergeur (Instagram) ? La marque a plutôt intérêt à rajeunir auprès des jeunes consommateurs. Dans le fond, cette action en justice dépasse très largement les produits dérivés de Pernod Ricard. Cela interroge plutôt sur l’encadrement de la publicité d’alcool sur les réseaux sociaux. En outre, la démarche d’Addictions France visant à responsabiliser les plateformes et à clarifier le cadre juridique du sujet sur les réseaux est à saluer. Le passé a prouvé que les plateformes ne se régulaient que sous la pression.»

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