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Pour la première fois de la saga, c’est à Link, l’elfe qui tient le premier rôle depuis le premier épisode sorti en 1986, de se faire capturer par les forces du mal, laissant à la princesse Zelda la charge de sauver le royaume d’Hyrule.

Souvent cantonnées au rôle du personnage en détresse, les figures féminines s’imposent de plus en plus dans les jeux de Nintendo, à l’image de la princesse Zelda, pour la première fois héroïne d’une aventure qui sort ce jeudi 26 septembre. Dans « The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom », premier épisode de la série dirigé par une femme, Tomomi Sano, c’est au tour de Link, l’elfe qui tient le premier rôle depuis le premier épisode sorti en 1986, de se faire capturer par les forces du mal, laissant à Zelda la charge de sauver le royaume d’Hyrule.

Elle dispose pour cela d’une baguette magique faisant apparaitre divers objets pour avancer dans sa quête, dans un titre reprenant les graphismes enfantins de « Link’s Awakening ». Si la princesse était déjà jouable dans d’autres productions, comme le jeu de combat « Super Smash Bros », « Echoes of Wisdom » est sa première aventure en solo, exception faite d’un opus sorti en 1993 sur la console CD-i du groupe néerlandais Philips et renié depuis par Nintendo.

C’est pourtant bien elle qui donne à la série son nom, inspiré de celui de la romancière américaine Zelda Fitzegerald.

« Jouer Zelda »

Aux manettes depuis près de 20 ans, le producteur japonais Eiji Aonuma a expliqué que, malgré les demandes répétées des fans de jouer la princesse, il attendait la proposition « qui lui rendrait vraiment justice ». Mais, face aux difficultés de son équipe à faire jongler Link entre son épée et une baguette magique, « je me suis dit : c’est le jeu parfait pour elle », a-t-il poursuivi dans une interview publiée sur le site de Nintendo mardi 24 septembre.

« C’est une bonne chose car cela élimine beaucoup de stéréotypes », estime Ryuto Uema, jeune joueur rencontré dans un café à Tokyo, qui se réjouit de pouvoir incarner un autre personnage que Link. « Je suis ravie, j’ai toujours voulu jouer Zelda », abonde Abby Murphy, New-Yorkaise de 30 ans, pour qui, si la plupart des jeux sont destinés aux hommes, « la série Zelda a toujours réussi à s’adresser à tout le monde ».

Selon Fanny Rebillard, musicologue qui a publié un livre sur la bande-son de la saga (« La musique dans Zelda : les clefs d’une épopée hylienne », Third Editions), cette évolution n’est pas une surprise. « Ça fait plusieurs épisodes que la princesse prend de plus en plus d’importance sur le plan scénaristique, ce n’est plus la figure à sauver coincée dans un château, elle a sa propre histoire », fait-elle valoir. Si le dernier épisode lancé en 2023, « Tears of the Kingdom », avait dépassé les 10 millions de ventes en trois jours -- un niveau très élevé pour un jeu uniquement disponible sur la console Switch --, son successeur devrait avoir du mal à l’imiter.

« Pas d’idéologie »

« La sortie d’un nouveau Zelda, c’est toujours un événement », concède Florent Gorges, auteur d’une « Histoire de Nintendo » (éditions Omaké Books). « Mais, entre deux gros épisodes, Nintendo a toujours proposé des expériences plus modestes », créneau dans lequel s’inscrit ce titre. Pour Fanny Rebillard, « Echoes of Wisdom » est peut-être aussi l’occasion pour le géant japonais de « tâter le terrain » avant, éventuellement, de lui ouvrir la porte à une aventure d’une plus grande envergure.

Les développeurs « avancent de façon très prudente », juge-t-elle, rappelant que, « quand Linkle (une version féminine de Link, NDLR) est apparue dans un précédent jeu, des rumeurs disaient que Link pourrait devenir une femme dans le prochain + Zelda +, ce qui avait provoqué des réactions assez vives » parmi les joueurs.

En mars, la princesse issue de l’univers de Mario, Peach, a également eu droit à sa propre aventure sur Switch avec « Princesse Peach : Showtime », après avoir été représentée comme une guerrière hors pair dans le film d’animation « Super Mario Bros », deuxième plus gros succès au box-office de 2023. « Je ne crois pas qu’il y ait une volonté de faire de l’idéologie (de la part de Nintendo) mais simplement de proposer des jeux différents », affirme Florent Gorges. Interrogé par l’AFP, l’éditeur japonais n’a pas souhaité commenter.

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